malveillance

 

Qu’est-ce que la bienveillance

Lucie est infirmière au sein d’un hôpital. Elle aime apporter du bien-être aux personnes en difficulté. La bienveillance est une valeur importante à ses yeux. Lucie est vraiment gênée par le conflit. Elle aspire à un monde où on se respecte les uns les autres. Or, à l’hôpital, il y a des personnes encadrantes qui ont une vision uniquement financière. Et, selon Lucie, ils ne prennent pas soin des autres. Ce qui la met en tension et l’a fait souffrir.

 

Ici, la bienveillance est définie comme le fait de prendre soin des autres.

 

D’où vient ce besoin de bienveillance ?

Lorsque Lucie était enfant, ses parents lui ont tout fait pour qu’elle puisse bien « s’adapter ». Ils lui ont donc inculqué les « bonnes manières ». Et lorsque Lucie de ne répondait pas à ce qui était « juste » pour ses parents, elle était réprimandée. Ceci est vécu comme du rejet et c’était très douloureux pour l’enfant qu’elle était. Son inconscient a enregistré qu’il fallait être « sage » pour avoir l’amour de ses parents. Ceci pour des raisons de survie, car sans nourriture affective un enfant meurt (Voir l’expérience de Frédéric 2). L’inconscient de Lucie a mis en place un « enfant protecteur » qui assure le respect du modèle « sage ».

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Lucie, la bienveillance vient d’un conditionnement inconscient. Correspondre à la référence familiale « sage » pour avoir l’amour et survivre. Ce schéma inconscient vise à éviter de vivre à nouveau les émotions douloureuses du passé. Lucie n’ayant pas appris à vivre ces émotions, elle est dans l’incapacité de vivre ses émotions. C’est la raison pour laquelle son inconscient cherche à les éviter.

Pour assurer la survie, l’inconscient scanne la réalité et recherche tout ce qui peut ressembler de près ou de loin aux émotions douloureuses qu’elle a vécues. Son inconscient va donc percevoir toutes les personnes en difficultés qui vivent des émotions difficiles. L’inconscient ne sachant pas les vivres, il y a un danger ! En fonction du contexte, l’inconscient va choisir entre les stratégies suivantes :

  • Fuir la situation pour ne pas les ressentir
  • Changer la situation pour ne pas les ressentir

C’est la raison pour laquelle Lucie est infirmière. Elle cherche à apaiser la souffrance des autres pour ne pas la ressentir. Elle sert son intérêt. Ce mécanisme inconscient a développé un talent chez Lucie qui lui permet d’accompagner au mieux les autres.

 

À la lumière de ses explications, Lucie réalise que sa bienveillance est en fait un mécanisme de survie. Elle sert son intérêt alors qu’elle pensait servir les autres. En même temps, elle réalise que son mécanisme inconscient a permis de bien ressentir les personnes dans leur souffrance et les soigner.

 

 

D’où vient cette réaction face à la « non-bienveillance » ?

Comme nous l’avons vu avec l’histoire de Lucie, la bienveillance vient d’un mécanisme inconscient de survie. L’accès à certaines émotions est interdit car perçu comme dangereux par l’inconscient. Ce qui fait qu’il y a un « couvercle » sur ces émotions. Comme nous l’avons vu, ces émotions ne peuvent pas être vécues, il y a donc seulement 2 choix :

  • Fuir la situation
  • Changer la situation

 

Dans le cas des encadrants ayant une vision uniquement financière, Lucie ne peut pas les changer car elle n’a aucun pouvoir sur ses supérieurs hiérarchiques. Et elle ne peut pas fuir, car elle a besoin de son emploi pour répondre à son besoin de sécurité. Il en ressort une impuissance qui est très consommatrice en énergie. Cette situation engendre un mécanisme de survie qui vise à « détruire » l’élément déclencheur que sont les encadrants.

 

Lucie prend conscience que sa réaction face à ses encadrants vient de son mécanisme de survie. Elle réalise qu’elle se sent impuissante face à cette situation et qu’elle rumine. Et qu’elle est en lutte contre ses encadrants et qu’en même temps elle souhaite la bienveillance. Ce qui génère un conflit interne et consomme beaucoup d’énergie.

 

 

Pourquoi la bienveillance est destructrice ?

La bienveillance posée en dogme

Avant 7 ans, notre cerveau est immature. Il ne sait gérer que des choses simples. Si bien que lorsque notre cerveau enregistre qu’il faut prendre soin des autres, il comprend qu’il faut prendre soin des autres quel que soit la situation.

Si bien que je peux me trouver dans un contexte ou des personnes ne prennent pas soin des autres et j’ai du mal à réagir, car ma réaction pourrait être ferme. Je me jugerai inconsciemment comme non bienveillant ! La conséquence de la bienveillance posée en dogme est que la protection par la fermeté est interdite !

 

Lucie s’aperçoit qu’elle posait la bienveillance en opposition avec la fermeté. Elle prend conscience qu’elle s’interdisait d’être ferme. Si bien qu’elle pouvait laisser des comportements malveillants se faire pour éviter d’être « non bienveillante ».

 

 

La porte ouverte aux jeux pervers

Comme la fermeté est interdite, et qu’en même temps il a une aversion au comportement malveillant, l’expression du désaccord va être exprimée de manière détournée. C’est-à-dire qu’il pourra y avoir des critiques derrière le dos des personnes. Des tentatives de créer un effet de groupe pour qu’une personne du groupe exprime cette fermeté qui m’est interdite. Tout ceci pour préserver l’image de la personne bienveillante.

Or c’est un manque de courage. Car la bienveillance va nécessiter parfois l’usage protecteur de la force. Et ceci pourra être jugé par certains pour de la « malveillance ». Il faut être au clair avec ses valeurs et la raison qui pousse à faire un usage protecteur de la force. Pour passer les critiques et respecter son intégrité.

 

Lucie prend conscience qu’elle n’est pas au clair avec ses valeurs. Elle réalise qu’elle était plus dans une réaction venant de conditionnement inconscient que dans une action en accord avec ses valeurs. Lucie voit qu’elle doit mettre de la clarté sur ses valeurs pour avoir de la clarté dans ses actions.

 

 

Le blocage des émotions des autres

La bienveillance posée en dogme présente un autre inconvénient. Si une personne est triste ou en colère à côté de moi, je vais avoir tendance à lui éviter cette tristesse ou cette colère. Sous couvert de bienveillance, je suis en train de vouloir changer l’état émotionnel de l’autre pour éviter de le vivre en miroir. Je me sers en faisant croire que je sers l’autre. Or, je l’empêche de clore un cycle émotionnel (Pour aller plus loin, vous êtes libre de lire l’article « Comment se libérer des émotions désagréables« ). Plutôt que de l’accompagner, je vais avoir tendance à éviter ses émotions. Je pose de manière indirecte l’interdit d’expression de ses émotions que les adultes ont posées sur l’enfant.

 

Lucie réalise qu’elle cherchait à éviter les émotions dites négatives des autres. Elle s’aperçoit que c’était plus pour éviter de ressentir ce type d’émotions que pour aider. Lucie comprend que tant qu’elle n’est pas capable de vivre ces émotions, elle ne peut pas être à côté de l’autre qui vit ces émotions. Si bien qu’elle ne peut pas vraiment l’accompagner. Lucie prend conscience qu’elle était en posture de sauveur.

 

 

Oui, mais …

Comme nous avons pu le voir, la bienveillance posée en dogme amène de la destruction. Or, ceci ne veut pas dire qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain. L’objet est de comprendre que l’image de la bienveillance n’est pas la bienveillance.

Je ne vais pas laisser une personne se noyer sous prétexte que je veux l’aider à traverser cette difficulté en lui apprenant à nager. S’il n’a pas les moyens, je le ramène sur le bord et seulement ensuite je lui apprendrai à nager.

De même, je dois être au clair avec mes valeurs pour pouvoir exprimer les deux faces de la bienveillance :

  • L’accueil, la douceur …
  • La fermeté, la puissance …

 

La bienveillance n’est pas dans le comportement, mais dans l’intention !

 

Lucie prend conscience que la bienveillance n’est pas un comportement « doux », mais un alignement avec ses valeurs et une intégrité face à l’adversité. C’est cette base solide qui fait qu’il n’y a pas de jugement sur le comportement utilisé. Qu’il soit doux ou ferme.

 

 

Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. – Albert Einstein

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être.

Share This