Qu’est-ce que la jalousie ?
Julie est graphiste au sein du service marketing d’une société. Elle est compétente et elle est reconnue par ses supérieures hiérarchiques. Or, certains de ses collègues la critique et lui font comprendre qu’elle est une « lèche-botte » ! Julie est gênée par cette situation, car elle fait juste ce qui la passionne et elle est reconnue. Julie ne comprend pas la jalousie de ses collègues et souhaiterait s’en libérer.
Ici, la jalousie est définie comme une envie d’avoir ce que l’autre possède.
D’où vient la jalousie ?
Un cerveau immature
Avant 7 ans, notre cerveau est immature. Ce qui fait que nous avons peu de moyens pour vivre nos émotions. Si bien que lorsqu’une émotion de frustration arrive, nous sommes submergés et notre cerveau cherche à éviter cette émotion pour vivre une situation plus confortable.
Maxime 2 ans qui est en crèche avec ses petits camarades. Un de ses amis a un jouet et il s’amuse beaucoup. Maxime souhaite aussi ce jouet et vivre la joie que cela lui procure de jouer avec. Le fait de ne pas avoir ce jouet engendre une émotion de frustration qu’il n’arrive pas à gérer. Il est submergé. Pour réguler son émotion, Maxime utilise la force pour prendre le jouet à son camarade.
Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Maxime, c’est l’immaturité qui engendre le fait de prendre à l’autre ce qu’il n’a pas pour réguler son émotion. Il en est de même pour les adultes qui n’arrivent pas à vivre leurs émotions. Ils cherchent à éviter leurs émotions en cherchant à modifier la réalité. Ceci par différentes approches :
- Cherche à obtenir ce que l’autre a par tous les moyens à sa disposition pour éviter de ressentir l’émotion de frustration
- Cherche à détruire la situation de l’autre, pour éviter de ressentir leur émotion de manque.
À la lumière de ces explications, Julie comprend que ses collègues cherchent à détruire sa situation pour éviter de ressentir l’écart entre ce qu’ils souhaiteraient avoir et ce qu’ils ont. Julie comprend que le fait d’être très reconnu par ses supérieurs hiérarchiques montre à ses collègues qu’ils n’ont pas les mêmes compétences et la même reconnaissance. Rabaisser Julie est une stratégie visant à la mettre en dessous d’eux, pour avoir un certain niveau de reconnaissance. Comme des enfants de 2 ans, ils cherchent à détruire pour éviter de ressentir l’inconfort.
Un mensonge
L’intention des collègues de Julie est d’éviter de vivre une émotion de frustration. C’est-à-dire de voir qu’il y a un écart entre ce qu’ils souhaitent et ce qu’ils ont. Ils souhaiteraient avoir les mêmes compétences que Julie et la même reconnaissance. Or, cette dernière passe énormément de temps, car elle est passionnée. Ils n’ont pas l’envie de fournir le même engagement et le même investissement. Ils cherchent un raccourci pour vivre cette sensation de reconnaissance. Pour ce faire, ils rabaissent Julie, ce qui leur donne l’impression d’être « au-dessus » et leur procure un peu de reconnaissance.
Or, leur jalousie ne vient pas de Julie, mais du manque d’engagement et d’investissement. Ils cachent leur responsabilité de leurs choix qui fait qu’ils sont là où ils sont. L’écart entre ce qu’ils souhaitent et ce qu’ils ont vient de leurs choix. Ce mensonge fait qu’ils vont chercher à détruire ce qui les met face à leur responsabilité.
Julie prend conscience que la critique de ses collègues vient de leur mensonge face à leur responsabilité de leur situation. Ils préfèrent rejeter la responsabilité de cette situation sur elle. Julie voit qu’ils cherchent à lui faire endosser des comportements pervers, pour se raconter que c’est la manière dont elle a réussi. Ce qui est plus simple que d’assumer la responsabilité de leur choix. Julie s’aperçoit que ses collègues ont des comportements pervers et qu’ils se mentent suffisamment pour se faire croire que c’est elle qui est une « lèche-botte ».
Comment se libérer de la jalousie
Prendre conscience des comportements immatures
Comme nous avons pu le voir avec l’histoire de Julie et ses collègues, la jalousie vient d’un comportement immature. Je n’arrive pas à vivre l’émotion de frustration de ne pas avoir la même chose, donc je suis jaloux. Je cherche à posséder ce que l’autre a comme l’enfant de 2 ans qui pique le jouet de son petit camarade.
Si je vois que les personnes qui me jalousent n’arrivent pas à vivre leurs émotions, je vois qu’il s’agit de leur responsabilité et non la mienne. Ainsi, je vais voir que ces personnes vivent une situation d’impuissance et qu’elles sont en souffrance. En même temps, ce n’est pas Bisounours ! C’est-à-dire que je ne vais pas m’empêcher d’être qui je suis parce qu’elles sont en souffrance ! Je suis au clair avec mes intentions et mes responsabilités. Ce qui fait que je vais affirmer mes limites clairement et ne pas accepter ce type de comportement. Ceci avec les conséquences que cela va générer. Car si je suis « le méchant » de l’histoire, selon leur point de vue, ils vont s’autoriser des comportements destructeurs qui est selon eux justifié.
Julie réalise qu’elle voulait éviter que ses collèges vivent des situations inconfortables et avoir des relations harmonieuses. Julie prend conscience qu’elle ne peut pas porter leurs émotions à leur place. Sinon, elle ne peut pas vivre sa vie et elle serait condamnée à s’oublier pour compenser le manque de responsabilité de ses collègues. Julie s’aperçoit qu’elle va devoir être claire en ce qui concerne ses propres limites et le respect de ses dernières. Elle réalise que sa liberté ne va pas être confortable.
Pour aller plus loin, vous êtes libre de lire l’article « Pourquoi l’égoisme est le clé de la relation ?« .
Prendre conscience des jeux pervers
Comme nous avons pu le voir, les collègues de Julie lui faisaient croire qu’elle était « lèche-botte » pour éviter de porter la responsabilité de leur situation. Il s’agit d’un jeu pervers qui cherche à faire porter sa responsabilité sur l’autre.
Ses collègues ne veulent pas fournir le même investissement pour acquérir les compétences et en même temps, ils ne veulent pas prendre la responsabilité de leur situation. Ce qui fait qu’ils vont chercher à faire croire qu’ils sont victimes de la situation.
Le principe du jeu pervers est :
- Faire croire que je suis victime
- Pointer les bourreaux
- Devenir le sauveur de la victime que je suis en détruisant les méchants bourreaux
L’objet est de fuir l’inconfort pour vivre le confort. Ceci en faisant porter son inconfort aux autres.
Le jeu pervers est uniquement en destruction. C’est-à-dire que ceux qui critiquent, jugent … ne sont pas en train de construire quelque chose pour aller dans leur vision. Car construire nécessite un engagement, un investissement, qui permet de faire face à l’adversité et tenir pour aller au bout de son projet.
Julie s’aperçoit que la jalousie et les jugements qu’elle subit viennent d’un jeu pervers. Elle avait à se remettre en cause pour éviter le conflit dans le but de vivre l’harmonie. Julie comprend que face à ce type de « JEu », elle ne peut rien faire d’autre que vivre sa vie en faisant abstraction de ces jeux d’enfants de 2 ans. Julie qui idéalisait le monde et souhaitait vivre l’harmonie comprend qu’elle ne peut pas changer les personnes qui ne veulent pas changer. Et qu’elle doit penser à elle avant tout.
C’est étonnant comme la jalousie qui passe son temps à faire des petites suppositions dans le faux, a peu d’imagination quand il s’agit de découvrir le vrai. – Marcel Proust
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être