égoïsme

 

 

Qu’est-ce que l’égoïsme ?

Coralie est secrétaire de direction au sien d’une grande entreprise. Elle trouve son responsable égoïste, car il pense uniquement à son intérêt. Selon elle, il ne prend pas suffisamment en compte l’avis des autres. Elle souffre de cette situation au point qu’elle réfléchit à quitter son emploi.

 

Ici, l’égoïsme est défini comme le fait de ne pas penser aux autres.

 

 

D’où vient cette réaction face à l’égoïsme ?

Un jugement sur le fait de penser à soi

Lorsque Coralie était enfant, ses parents souhaitaient lui enseigner la valeur du partage. Ils voulaient éviter qu’elle soit perçue comme égoïste et qu’elle soit rejetée. En pensant bien faire, ils ont réprimé tout comportement « égoïste ». C’est-à-dire, à chaque fois que Coralie faisait quelque chose uniquement pour elle. Son inconscient a enregistré que penser à soi engendrait le rejet. Ce qui pour un enfant totalement dépendant est associé à un risque de mort (Voir l’expérience de Frédéric II). Cette peur de la mort fait que l’inconscient va mettre en place un schéma inconscient visant à identifier toute situation égoïste et à l’éviter.

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Coralie, sa réaction face à l’égoïsme vient d’un schéma inconscient de survie. Ses parents voulaient lui enseigner la valeur du partage et le partage s’est instauré comme une règle absolue ! Or au niveau de l’humain, l’absolu-ment !

Ses parents souhaitaient que Coralie ait de bonnes relations. Ils n’ont pas pris conscience qu’en cherchant à éviter que Coralie soit rejetée, qu’ils ont interdit l’accès à une partie de son être « Penser à soi ».

 

À la lumière de ses explications, Coralie prend conscience que sa réaction face à l’égoïsme vient d’une peur de ses parents. Elle réalise que cette réaction est issue de l’inconscient qui cherche à identifier et à éviter toute situation « égoïste » pour assurer sa survie. Coralie s’aperçoit que ce comportement est automatique et qu’il a l’âge de l’enfant de l’époque. Elle comprend pourquoi elle se sentait comme une petite fille face à ce genre de situation.

 

 

Une émotion de frustration non intégrée

Pour avoir des relations fluides, l’enfant doit intégrer la limite entre moi et l’autre. Avoir conscience que l’autre n’est pas un objet qui me sert dans une stratégie pour atteindre un objectif. L’enfant doit comprendre que l’autre a aussi des besoins, des envies qui peuvent être différents de lui. Riche de cette compréhension, lorsque l’autre dit non, l’enfant cherche simplement une autre solution.

 

Les parents de Coralie n’avaient pas les moyens de vivre l’émotion de frustration des autres lorsqu’ils disaient non. Donc, il n’arrivait pas à poser leurs limites. La seule solution qu’ils avaient pour avoir des relations était d’être « gentil ». C’est-à-dire, ne pas être « égoïste ».

 

La conséquence de cette incapacité à vivre cette émotion de frustration est que les parents de Coralie avaient comme schéma inconscient :

  • Je dois réprimer des parts de mon être pour pouvoir être accepté et éviter d’être rejeté.

 

Autrement dit :

  • Pour être heureux, je dois réprimer une partie de mon être.

 

Coralie prend conscience du schéma inconscient qu’elle a hérité de ses parents. Elle réalise que sa souffrance vient du fait qu’une part de son être est réprimée. Elle ne s’autorise pas à penser à elle.

 

 

Pourquoi l’égoïsme est la clé d’accès à la relation ?

Pour éviter d’être un vampire énergétique

Si je réprime la part de mon être « penser à soi », je vais consommer de l’énergie pour :

  • L’empêcher de s’exprimer en moi et maintenir le schéma « les autres d’abord ».
  • Juger les personnes qui pensent à eux et vouloir les changer.

 

Tous ses efforts sont faits dans un seul but : être accepté !

Donc, sous couvert de pas être égoïste, d’être du « bon côté du manche », je vais chercher à obtenir quelque chose des autres. Leur approbation, leur énergie !

 

Coralie prend conscience qu’elle cherchait à être la « bonne personne ». Et qu’indirectement, elle cherchait à obtenir quelque chose des autres. Elle réalise qu’en voulant éviter d’être égoïste, elle était encore plus égoïste. Elle prend conscience qu’en pensant à elle, elle pourrait au contraire, donner de l’énergie quand elle en aura les moyens.

 

 

Pour laisser à l’autre le plaisir d’offrir

Si « penser à soi » est interdit, je vais avoir du mal à recevoir. Par conséquent, je vais avoir tendance à ne pas laisser les autres me donner. Ce qui engendre des situations du type :

  • J’aide les autres, mais je ne demande pas d’aide et j’ai tendance à la refuser
  • Je donne aux autres et j’ai tendance à ne pas accepter que les autres m’offrent quelque chose.

 

Sous couvert de ne pas être égoïste, je vais refuser l’échange, le partage ! Je serai en posture haute vis-à-vis des autres.

 

Coralie prend conscience que l’intention de ses parents était de transmettre la valeur du partage et que la stratégie utilisée engendre l’inverse. Elle refuse inconsciemment le partage pour maintenir une image de « bonne personne ». Coralie s’aperçoit qu’en pensant à soi, elle pourrait plus recevoir, ce qui permettra aux autres de vivre le plaisir d’offrir.

 

 

Pour éviter la violence perverse

Si je réprime une part de mon être pour obtenir l’acceptation de l’autre, j’utilise une force de répression. Cette force peut maintenir cette part de mon être qui voulait s’exprimer, même si  cette dernière fait tout son possible pour s’exprimer. Ceci génère un volcan intérieur :

  • Une force qui veut exprimer ce qui est au fond de l’être
  • Une force qui veut réprimer cette expression

 

Lorsque la tension est trop grande et qu’il n’y a plus l’énergie nécessaire pour la maintenir, je peux être en colère. C’est l’éruption volcanique. (Pour aller plus loin, vous êtes libre de lire l’article Pourquoi lutter contre sa colère est un enfer-me-ment ?)

Pour donner une image, si j’enfonce un ballon dans une piscine et que je lâche, le ballon dépassera la surface de l’eau. Ce qui veut dire que si je me fais violence pour ne pas exprimer ce que j’ai à dire, cette violence sera plus forte lorsqu’elle arrivera à la surface.

 

Lorsque la tension est grande, juste avant l’explosion, je vais juger et critiquer par-derrière. C’est un moyen détruire l’autre, pour ne pas exprimer ce qui vient de moi. Un moyen pervers d’interdire le « penser à soi » :

  • Ce n’est pas moi qui veux quelque chose, c’est l’autre qui est con !

Pour donner une image, c’est comme une cocotte-minute. Lorsque la pression monte, ça commence à fuir par les joints. C’est là qu’arrive, la critique, le jugement, la violence pervers.

 

Coralie prend conscience qu’elle était en colère contre son responsable, car elle ne s’autorise pas à penser à elle. Elle réalise qu’elle était dans une violence perverse, alors qu’elle pensait être une « bonne personne ».

 

 

Pour accepter l’autre tel qu’il est

Si, je pense à moi, je vais poser clairement mon accord ou mon désaccord et par conséquent j’accepte l’accord ou le désaccord de l’autre. Je peux donc échanger plus librement.

Si, je pense à moi, je vais répondre à mes besoins et je comprends que l’autre répond au sien. Je vais donc plus facilement l’accepter tel qu’il est.

 

L’égoïsme est donc une clé pour être réellement en relation avec l’autre !

 

Coralie prend conscience que l’égoïsme est important pour être en relation avec l’autre. Elle réalise que le fait de refuser l’égoïsme ne fait que tuer la valeur de partage et d’échange qui lui est chère. Elle décide de plus penser à elle, car elle sait que c’est un moyen de penser aux autres.

 

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai commencé à me libérer de tout ce qui ne m’était pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie. Au début, ma raison appelait ça de l’égoïsme. Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle… Amour Propre. – Charlie Chaplin

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

 

 

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