Dire NON

 

Qu’est-ce que dire NON ?

Clémence est secrétaire au sein d’une société de peinture. Elle est submergée par de nombreuses demandes. Clémence a conscience qu’elle ne devrait pas accepter toutes les demandes, mais elle n’arrive pas à dire NON. Ce comportement la gêne aussi dans sa vie personnelle. Elle n’ose pas dire NON, ce qui fait qu’elle vit la vie des autres. Et pour se protéger, elle évite d’être en relation avec les autres. Clémence se rend compte qu’elle ne veut pas dire NON pour vivre la joie d’être en harmonie, alors qu’elle vit un enfer-me-ment. Elle souhaiterait se libérer de cette situation.

 

Ici, dire NON est défini comme le fait de refuser une demande.

 

 

D’où vient le refus de dire NON ?

Non-intégration de l’émotion de frustration

Lorsque Clémence était enfant, ses parents voulaient ce qu’il y a de mieux pour elle. En voulant lui éviter de souffrir, ils évitaient de lui dire NON. Ses parents n’avaient pas les moyens de vivre l’émotion de frustration de Clémence en réponse au NON. Ils avaient donc des difficultés à exprimer leurs besoins et à poser leurs limites humaines de manière claire. Pour répondre à leur besoin sans dire NON, ils avaient tendance à fuir par différents stratagèmes :

  • Ils cherchaient à détourner son attention
  • Ils avaient parfois recours au mensonge pour arriver à leurs fins

Avant 7 ans, le cerveau de l’enfant est immature. Le jeune enfant est dans l’émotionnel et il capte toutes les émotions que les parents veulent lui cacher. L’inconscient de l’enfant comprend que le NON est associé à une émotion qui ne peut pas être vécue par ses parents. Il capte qu’il y a un interdit est posé sur le NON. Si bien que l’inconscient de Clémence a enregistré que le NON était interdit pour éviter de faire face à ce qui est perçu comme dangereux par ses parents.

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Clémence, le NON a été interdit, car l’émotion de frustration en retour du NON était perçue comme un danger par l’inconscient de ses parents.

 

Note : Intégrer l’émotion de frustration est ce qui permet à l’enfant de comprendre Moi et l’autre. L’intérieur et l’extérieur. L’enfant a besoin d’être accompagné dans cet apprentissage inconfortable. Ceci en était ferme dans l’intention du NON et doux dans l’action, en accueillant son émotion de frustration. Afin qu’il intègre la limite du Moi.

 

Le refus du NON vient de l’incapacité à vivre l’émotion de frustration !

 

Clémence prend conscience qu’elle n’arrive pas à dire NON, car elle n’arrive pas à vivre l’émotion de frustration que cela peut générer chez l’autre. Elle prend conscience que ses parents n’avaient pas les moyens de l’accompagner dans l’intégration de l’émotion de frustration. Clémence réalise que son inconscient a mis en place un système de défense pour éviter de vivre cette émotion de frustration, en interdisant le NON.

 

 

Pourquoi le refus du NON empêche la joie ?

Incapacité de vivre sa vie et génère la lutte

Clémence n’a pas les moyens de dire non, car elle n’a pas les moyens de vivre l’émotion de frustration. Étant donné qu’elle ne peut pas dire NON aux autres, elle ne peut pas dire OUI à elle-même. Au niveau inconscient, le non-accès au NON correspond au non-accès à SOI. Car quand je dis NON à la demande de l’autre, je dis OUI à Moi.

 

À titre d’exemple : Si une personne me demande de l’aide pour son déménagement et que je suis fatigué. Je refuse de l’aider. Je dis OUI à son besoin de soutien, dans le sens où j’entends la personne dans ce qu’elle vit. ET NON à la stratégie pour y répondre (Moi qui l’aide à déménager). Je dis OUI à Moi, à mon besoin de repos, en lui expliquant que je n’ai pas les moyens car je suis fatigué. Car je ne peux pas toujours répondre à mes besoins et aux besoins de l’autre en même temps. Ce qui peut engendrer une frustration de mon interlocuteur.

 

Étant donné que Clémence n’a pas les moyens de dire NON, elle ne peut pas vivre sa vie en présence des autres. Il en découle un conflit intérieur entre différentes parts de l’inconscient :

  • Une part ne veut pas dire NON
  • Une autre veut vivre sa vie

 

Ce conflit intérieur ressort à l’extérieur avec des phrases du type :

  • Il abuse !
  • C’est inadmissible !
  • Ça ne se fait pas !
  • Ce n’est pas normal !

 

Le refus de dire NON engendre une vie de lutte due à ce conflit intérieur qui est projeté à l’extérieur.

Pour se protéger de cette tension, Clémence évite les relations en faisant appel à différents stratagèmes :

  • Évite la relation avec les autres physiquement, en s’isolant.
  • Évite la relation avec les autres au niveau émotionnel pour éviter de vivre les émotions de frustration. Elle peut mentir pour masquer ses émotions.
  • Évite la relation au niveau mental, pour éviter les désaccords. Elle peut mentir pour faire croire qu’elle est d’accord.

 

Clémence réalise que le non-accès au NON génère une coupure relationnelle. Ce qui engendre une incapacité à nourrir son besoin de partage. Clémence voit que l’intention de son inconscient est de vivre la joie en évitant les émotions de frustration. Et que cette stratégie lui fait vivre la lutte.

 

 

Incapacité de dire non aux schémas destructeurs de sa lignée

Dans l’inconscient, il y a une représentation des figures d’autorité qui me dit « ce qui se fait » et ce qui ne se fait pas ». Ces « règles » sont issues de peur transgénérationnelle. Elles ont été présentées comme « La Vérité » et cherchaient à détruire ce qui ne rentrait pas dans le cadre pour rester dans le connu et se rassurer.

Quand je n’ai pas accès au NON, je ne dis pas NON aux schémas destructeurs inconscients de ma lignée. Si bien, que mon identité, mon Moi est atrophié. Et que les « règles » de ma lignée me dictent ce que je dois faire. Ces règles sont une négation de l’identité, c’est comme un dictateur intérieur !

La spontanéité de l’enfant est réprimée, si bien que la joie d’être est interdite !

 

Clémence réalise que le fait de ne pas dire NON à un impact beaucoup plus large que ce qu’elle pensait. Elle prend conscience que le fait de ne pas dire NON fait qu’elle va « être » les schémas destructeurs de sa lignée. Ce qui va vraiment à l’encontre de son souhaite de vivre la joie d’être en harmonie.

 

 

Pourquoi le NON est la clé d’accès à la joie ?

Dire NON est l’accès à son énergie

Si je peux vivre l’émotion de frustration, je peux vivre l’émotion de frustration de l’autre lorsque je dis NON à sa demande. Je peux donc répondre à mes besoins, à ce qui me fait vibrer. Je peux aussi avoir suffisamment d’énergie pour moi. En effet, ne pas dire NON, c’est ne pas avoir d’énergie pour soi, pour réaliser ce qui me met en joie, ce qui me nourrit !

 

Clémence prend conscience qu’elle n’avait pas beaucoup d’énergie pour aller faire une activité et qu’elle restait chez elle. Elle prend conscience que ce n’est pas qu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait, mais qu’elle n’avait plus l’énergie pour faire ce qui lui plaisait. Si bien que les activités qui la nourrissaient lui paraissaient comme une contrainte.

 

 

Dire NON est l’accès à la joie de l’accomplissement

Si je peux vivre l’émotion de frustration, je peux aussi vivre l’émotion de frustration quand l’autre dit NON à ma demande. Si bien que je ne vais pas chercher à éviter ce NON et entrer en lutte contre mon interlocuteur. Je vais pouvoir trouver d’autres solutions et réaliser ce que je souhaite. Le NON permet de passer de la lutte à la joie de l’accomplissement.

 

Clémence réalise que le fait de ne pas dire NON fait qu’elle avait du mal à vivre le fait que son interlocuteur lui dise NON. Ce qui engendrait une lutte intérieure et parfois extérieure. Ce temps consacré à la lutte l’empêchait de réaliser ce qu’elle souhaitait vraiment.

 

 

Dire NON est l’accès à la relation

Si je dis NON à la demande de l’autre, je dis OUI à Moi. Et c’est seulement lorsque j’ai accès à moi, que l’autre peut exister. À ce moment la relation peut exister.  Avant, il n’y a que le dictateur « Ça se fait/ça ne se fait pas » !

Lorsque je dis NON, j’ai accès à la relation et je peux nourrir mon besoin de partage. Et un besoin nourri m’apporte la joie !

 

Clémence réalise qu’elle ne peut pas nourrir son besoin de partage, si elle n’a pas accès au NON. Ce qui était contradictoire pour elle. Clémence prend conscience que la joie de partager passe par dire NON.

 

 

Dire NON est l’accès à la liberté

Lorsque je dis NON, j’ai accès à Moi. J’ai accès à mon intérieur, à mes ressentis. L’accès à mes sens me donne l’accès au sens. Je peux ainsi exprimer librement ce qui fait sens pour moi.

Si je dis OUI à tout, je dis indirectement que je suis tout. En étant tout, je ne suis pas défini. Si je dis OUI à tout, je ne suis rien ! Il n’y a pas de JE. S’il n’y a pas de JE, il n’y a pas de JE SUIS possible. Et encore moins JE SUIS LIBRE.

Sans NON, il n’y a pas de JE, il y a seulement un enfer-me-ment dans les règles « Ça se fait.Ca ne se fait pas » ! Je sors de cet enfer-me-ment et gagne ma liberté en osant exprimer qui je suis. Et j’ose dire NON pour vivre la joie et la liberté de dire OUI à Moi !

 

Clémence s’aperçoit qu’en ne disant pas NON, elle n’y a pas de JE. Il y a seulement l’enfer-me-ment des règles « Ça se fait/ça ne se fait pas » ! Elle comprend que pour gagner sa liberté et sortir de cette situation, elle doit oser dire NON, pour dire OUI à elle.

 

 

Dire NON permet l’accès à moi et à l’autre. Dire NON donne accès à la joie de la relation, du partage de ce que je suis !

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

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