Qu’est-ce que le lâcher-prise ?
Jacques est très énervé contre son assurance habitation qui refuse de prendre en compte un sinistre. Malgré le fait qu’il ne puisse rien faire au niveau légal, il rumine sans cesse cette histoire. Ses amis lui disent de « lâcher prise ». Or, il n’arrive pas lâcher cette histoire.
Ici, le lâcher-prise est définit comme lâcher une idée qui boucle sans cesse dans notre tête.
D’où vient la prise à lâcher ?
Les parents de Jacques étaient inquiets de nature. Ils faisaient très attention à ce qu’il ne lui arrive rien. Ils étaient prévenants quand il commençait à marcher, à toucher à tout ce qui était autour de lui, lorsqu’il commençait à faire du vélo …
Jacques a eu l’habitude d’être « porté ». Son inconscient a enregistré qu’il ne peut pas avancer seul dans le monde. Qu’il était en sécurité « grâce » aux autres. Si jamais il n’est pas aidé, son inconscient croit qu’il ne survirera pas. Qu’il mourra !
L’inconscient de Jacques fera donc tout pour être aidé. Pour que l’extérieur « porte » ses problèmes. Il ne lâchera pas, car pour l’inconscient, il y a un risque de mort.
Avant 7 ans, notre cerveau est immature. Nous pouvons seulement mettre en place des stratégies simples du type binaire :
- C’est autorisé ou interdit
- C’est blanc ou noir
- …
Les schémas inconscients créés à cet âge cherchent à s’adapter pour assurer la survie. D’où la « prise » qui est un schéma inconscient qui assure la survie. Quoiqu’il se passe, même si ce n’est pas « rationnel », l’inconscient assure toujours son job en protégeant la vie. Même si les stratégies sont celles d’un enfant de moins de 7 ans. Résister à « ce qui est », est-ce qu’il y a de plus juste, par rapport au niveau d’information contenu dans la structure inconsciente. C’est tout à fait sain et équilibré dans l’instant.
Jacques prend conscience de son histoire et de son mécanisme. Il réalise qu’il est en colère contre son assurance, car il a peur. Cette colère étant une tentative de forcer l’extérieur à « l’aider », à le « porter ».
Les schémas inconscients sont stockés dans la partie du cerveau appelé « limbique », qui est la seule disponible avant 7 ans. Cette partie du cerveau à l’inconvénient de ne pas pouvoir établir de stratégie complexe. Lorsque nous bouclons sur une idée, lorsque nous n’arrivons pas à lâcher prise, nous sommes « coincés » dans le cerveau limbique.
Comment lâcher prise ?
En basculant en mode complexe
Pour lâcher prise, il nous faut sortir du mode de fonctionnement du cerveau limbique, qui est binaire. Adultes, nous avons le néocortex, et plus particulièrement le préfrontal, qui nous permet de mettre en place des stratégies complexes.
Il s’agit de basculer du mode « stratégie simple » au mode « stratégie complexe ». Ceci est possible grâce à une limite du cerveau limbique. Ce dernier présente l’avantage d’être limitée en termes d’éléments à traiter en même temps. En fonction des personnes, il est possible de traiter entre 5 et 9 éléments en même temps. Passé ce nombre, le cerveau limbique sature, car c’est trop complexe. Et il passe la main au préfrontal qui sait gérer la complexité.
Pour lâcher prise, il s’agit de se focaliser sur 5 éléments, afin de saturer le cerveau limbique. Et débrancher le schéma inconscient qui est en cours.
Lâcher prise avec le ressenti en se focalisant en même temps sur :
- Les 2 pieds (en contact avec les chaussures, le sol)
- Les 2 cuisses (en contact avec la chaise, le lit …)
- Les 2 mains (en contact avec …)
- Les 2 épaules
- La respiration (l’inspire et l’expire)
Lâcher prise avec l’ouï en écoutant en même temps 5 sons distincts :
- En écoutant une musique et en se focalisant sur 5 instruments différents, voix …
- En se promenant dans la nature et en écoutant 5 choses (vents, oiseau, bruit de pas …)
Lâcher prise avec la vue en regardant en même temps 5 éléments distincts :
- La table
- L’ordinateur
- Le sol
- La fenêtre
- Le cahier
Il est possible de faire de même avec le goût et l’odorat. L’objet est de tester les 5 sens et identifier celles qui nous conviennent le mieux. Puis de le faire avec plusieurs sens. Par exemple, quand je mange, je peux sentir 2 goûts distincts, 2 textures d’aliments, la température de la fourchette, un ou plusieurs sons …
Jacques, aimant la musique classique, choisit d’écouter un de ses morceaux préférés et d’écouter 5 instruments distincts. Il réalise qu’en faisant cet exercice, il n’a plus de boucle mentale.
En se focalisant sur les sens, on accède à l’essence
S’entraîner pour être plus efficace
Tout comme les joueurs de foot, je ne m’entraîne pas pendant les matchs ! L’objet est ici de s’entraîner pour pouvoir lâcher prise facilement, même lors d’une tempête. Pour ça, je préconise de le faire 2-3 minutes 5 à 10 fois par jour. Et pour que ça soit plus simple, je propose de l’intégrer à la vie de tous les jours.
Par exemple :
- Quand je me bosse les dents
- Quand je prends mon petit déjeuner, mon déjeuner …
- Sur le trajet pour aller prendre les transports en commun, ou un autre trajet habituel
- …
Lorsque j’intègre des petites pratiques dans mes habitudes quotidiennes, ceci ne me demande pas beaucoup d’énergie. Et je peux ainsi, acquérir la capacité à me centrer en mode « tout terrain ». Et par conséquent, à lâcher prise en utilisant mon environnement de l’instant.
En acceptant pleinement ce qui me traverse
Si je n’arrive pas à lâcher prise, c’est que je résiste à l’émotion qui me traverse. Une des stratégies de résistance est de monter dans le mental pour éviter de ressentir. En justifiant, argumentant …
Lâcher prise en utilisant une variante de l’exercice précédent. J’utilise le même exercice pour saturer le mental avec mes sens. J’ajoute le ressenti de l’émotion, en même temps que les autres éléments (visuel, auditif, ressenti …). Ceci, jusqu’à ce que je sois à l’aise avec le ressenti de l’émotion que je cherchais à éviter. Une fois l’émotion traversée, le système de défense inconscient, qui avait peur de mourir s’il vivait cette émotion, tombe.
Jacques écoute son morceau de musique préféré, en se focalisant sur 5 instruments distincts. Une fois qu’il sent qu’il a « basculé » en mode complexe, il ajoute l’émotion désagréable de l’assurance qui refuse de prendre le sinistre. Il y a des jugements, des pensées qui arrivent … Il se focalise à nouveau sur les 5 instruments et en même temps ajoute à l’émotion. Ceci jusqu’à ce qu’il traverse complètement l’émotion.
«Au moment où vous acceptez complètement votre non-paix, votre non-paix devient transmuée en paix. Tout ce que vous acceptez pleinement vous emmènera dans la paix. C’est le miracle de l’abandon.» Eckhart Tolle
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être