Collaboration

 

Qu’est-ce que la collaboration ?

Martin est architecte et il pilote des projets avec différents corps de métier. Il apprécie que les différents intervenants fassent preuve de collaboration, car ses projets se déroulent mieux et plus rapidement. Or, il arrive que certains intervenants ne s’entendent pas ce qui engendre des retards. Martin fait tout ce qu’il peut pour que les intervenants fassent preuve de collaboration et que le projet se déroule au mieux. Or il est vraiment démuni face au comportement de certains intervenants et il lui arrive de s’énerver. Martin souffre de cette situation et il souhaiterait en sortir.

 

Ici, la collaboration est définie comme le fait de bien s’entendre pour réaliser un projet commun.

 

 

D’où vient ce besoin de collaboration ?

Une histoire de vie

Lorsque Martin était enfant, ses parents insistaient beaucoup sur le partage et le fait de se respecter les uns les autres. Les parents réprimaient Martin et ses frères et sœurs lorsqu’ils ne correspondaient pas à leur vision du partage et du respect. Cette situation était très douloureuse pour Martin et pour l’enfant qu’il était c’était perçu comme un risque de mort. En effet, un enfant qui n’a pas la nourriture affective nécessaire à son développement meurt (Voir l’expérience de Frédéric II). Pour assurer la survie, l’inconscient de Martin a interdit le non-respect et le non-partage. Pour l’inconscient la collaboration est une condition de survie. Il fera donc tout pour éviter la non-collaboration.

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Martin, le besoin de collaboration est basé sur une stratégie de survie. Ce qui veut dire que l’objectif n’est pas la collaboration, mais la survie via l’évitement de l’émotion ressentie lors de la non-collaboration dans son enfance.

En effet, avant 7 ans, nous disposons uniquement du cerveau émotionnel. Ce qui veut dire qu’il n’est pas possible d’établir des stratégies complexes. Le cerveau de l’enfant ne peut établir que des stratégies binaires du type :

  • C’est bien ou mal
  • C’est blanc ou noir

 

Cette partie du cerveau fonctionne en mode punition/récompense. Et sa stratégie principale est :

  • J’évite X pour vivre Y

 

Ce qui veut dire dans le cas de Martin :

  • J’évite la non-collaboration pour avoir l’amour et survire

 

Martin prend conscience que derrière son besoin de collaboration, il y a son inconscient qui cherche à éviter l’émotion qu’il a ressentie étant enfant quand il ne correspondait pas à la vision de la « collaboration » de ses parents. Martin réalise qu’il n’est pas vraiment focalisé sur la collaboration, mais sur le maintien de la vision de ses parents. Ceci en rejouant les interdits de ses parents.

 

 

Une croyance limitante

Comme nous venons de le voir, le besoin de collaboration de Martin vient d’une stratégie de survie. Ce qui est en survie est un enfant à l’intérieur qui rejoue les interdits des parents pour correspondre au « bon modèle » de la collaboration. La croyance limitante qui en découle est :

  • La collaboration va m’apporter l’harmonie

 

Or, le fait que la collaboration vienne d’une stratégie de survie fait qu’elle devient indispensable à l’harmonie. Ceci vient du cerveau immature de l’enfant qui a mis en place cette stratégie. En effet, cette partie du cerveau est incapable de voir que l’harmonie est un état d’être. Et un état d’être est indépendant des conditions extérieures.

Pour illustrer ceci, prenons l’exemple d’une personne qui est passionnée de voiture. Je demande à cette personne d’imaginer qu’elle a la voiture de ses rêves et qu’elle est en train de la conduire. Elle ressent de la joie et une montée d’énergie. Je lui fais remarquer qu’elle n’a pas la voiture et pourtant, elle est en joie et plein d’énergie. Pour lui montrer ceci, nous avons utilisé la pensée pour pointer vers un état d’être qui est déjà là à l’intérieur. Et la voiture n’est qu’une condition posée par l’inconscient pour accéder à un état d’être qui est déjà là ! Pour le dire autrement, il peut accéder à cet état d’être sans condition extérieure.

En réalité, c’est l’accès à l’harmonie à l’intérieur qui me permet d’accéder à la collaboration. Car dès que je n’ai plus besoin de contrôler l’extérieur pour vivre l’harmonie, je peux accepter que les personnes soient là où elles sont. Et ainsi collaborer avec ces personnes et non avec une idée de ce que ces personnes devraient être.

 

Martin prend conscience qu’il pensait que la collaboration qui lui apporterait l’harmonie. Il n’avait pas vu qu’il faisait dépendre son harmonie de l’extérieur. Et qu’il était, d’une certaine manière, prisonnier de son besoin. Cette dépendance à la collaboration faisait qu’il réagissait fortement lorsque la situation ne correspondait pas à sa vision. Il prend conscience qu’il n’était pas capable de collaborer avec des personnes ayant une vision différente de la sienne.

 

 

Pourquoi « vouloir » la collaboration engendre le conflit ?

LA Collaboration n’existe pas !

Vouloir la collaboration pose le problème. Car cela signifie qu’il y a LA Collaboration quelque part, à l’extérieur de la subjectivité d’un être humain. Et celle-ci est prise comme LA Référence pour la  comparer avec la réalité. Or, il y a autant de perception de la collaboration qu’il y a d’être humain. C’est la croyance « au bon modèle », à « LA Vérité«  qui engendre la comparaison pour changer la réalité afin qu’elle corresponde au concept.

Pour résumer, il y a une volonté de changer la réalité pour qu’elle corresponde à un concept. C’est le fait d’être coincé dans l’intellect qui empêche de rentrer en lien avec la personne là où elle est. Ceci va donc générer un conflit entre la réalité et les concepts. Qui va engendrer une lutte envers les personnes pour qu’elle corresponde au concept.

 

Martin prend conscience qu’il était plus dans l’imaginaire que la réalité. Il réalise que ce mécanisme vient de son inconscient qui veut éviter de ressentir l’émotion de rejet de ses parents lorsqu’il ne correspondait pas à leur modèle de la collaboration. Martin comprend que son besoin de collaboration n’est qu’un prétexte pour contrôler l’extérieur et éviter de ressentir une émotion.

 

 

Les stratégies d’évitement sont des stratégies d’attraction

Martin a un besoin de collaboration fondé sur une stratégie d’évitement d’une émotion de rejet de ses parents. Or, les stratégies d’évitement engendrent le conflit. En effet, l’inconscient peut traiter 400 milliards de bits d’information par seconde et le conscient seulement 2000. Cette limite du conscient crée la boucle mentale suivante :

  • L’inconscient scanne la réalité pour identifier les situations de non-collaboration à éviter
  • L’inconscient amène ces éléments au conscient
  • Le conscient cherche à éviter ces situations et entre en lutte
  • La croyance « il faut éviter la non-collaboration » est renforcée
  • L’inconscient scanne à nouveau la réalité …

 

Ce qui signifie qu’en voulant éviter la non-collaboration pour être en harmonie, l’inconscient filtre de la réalité en priorité la non-collaboration. Ce qui engendre une situation d’attraction. Le cerveau immature qui a engendré cette boucle mentale entre en lutte envers ce qu’il a demandé à l’inconscient. Il se tire une balle dans le pied ! Le conscient entre en conflit avec la réalité pour la changer. En espérant vivre l’harmonie.

 

Martin prend conscience que « vouloir » que les intervenants collaborent selon sa vision engendre du conflit. Il comprend que son inconscient va filtrer la réalité et va sélectionner de la réalité les intervenants qu’il souhaite éviter. Ce qui fait que ses choix d’intervenants auront beaucoup plus de chance d’engendrer du conflit. L’inverse de ce qu’il souhaitait.

 

 

La collaboration est à l’harmonie, ce que l’amour est au dépendant affectif. Un objet de convoitise pour calmer ses tensions intérieures.

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

 

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