Injustice

 

Qu’est-ce que l’injustice ?

Adrien est informaticien au sein du service informatique d’une grande entreprise. Il est très énervé contre son responsable qui abuse de son pouvoir. Adrien a participé à l’étude de solutions pour l’entreprise et 3 solutions ont été sélectionnées. Son responsable a choisi une solution qui n’était pas sélectionnée et qui était évaluée comme une des plus mauvaises. Ceci, parce qu’il est invité une semaine à New York à un « séminaire » dans un hôtel de luxe tous frais payés. Adrien trouve cette solution injuste et il souhaite démissionner !

 

Ici, l’injustice est définie comme un choix ne répondant pas à l’intérêt commun.

 

D’où vient cette aversion à l’injustice ?

Une histoire de vie

Lorsqu’Adrien était enfant, ses parents étaient d’une nature stressée. Ils voulaient tout contrôler pour éviter la moindre situation inconfortable. Ses parents s’énervaient entre eux à la moindre tension. Et lorsqu’Adrien avait des comportements qui ne convenaient pas, il se faisait réprimander de manière virulente. Pour l’enfant qu’il était, c’était comme être sur un champ de bataille. Adrien était alerte pour éviter le moindre faux pas qui pourrait engendrer une tension de ses parents. Et en plus, il cherchait à résoudre le problème de ses parents pour avoir un environnement agréable. Pour l’enfant qu’il était, cette situation était injuste ! Adrien souhaitait un monde de paix et il se retrouvait dans un monde de guerre. Son inconscient a enregistré que pour vivre la paix, il fallait éviter tout ce qui pouvait engendrer la guerre.

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire d’Adrien, son inconscient a enregistré les situations de tensions comme injustes ! Car l’enfant qu’il était avait besoin d’un environnement aimant pour évoluer sainement. Sans nourriture affective nécessaire à sa survie, l’enfant meurt ! (Voir l’expérience de Frédéric II).

Son inconscient a mis en place un enfant protecteur qui cherche à assurer un environnement paisible pour son développement. La moindre situation qui ne prend pas soin de l’autre est perçue par l’enfant protecteur comme un danger. Ce qui engendra une réaction de survie et une perception d’injustice !

L’injustice est la perception d’un enfant protecteur qui réagit quand un adulte ne prend pas soin de l’enfant vulnérable. Même si Adrien est maintenant adulte, il n’en reste pas moins que le schéma inconscient qui réagit a l’âge de l’enfant qui était insécurisé par son environnement. C’est la peur qui fait que cet enfant cherche à établir un environnement sain ! Ce qui fait qu’il y a une tendance à vouloir changer le monde et lutter contre toutes les injustices.

 

À la lumière de ses explications Adrien comprend que sa réaction face à son responsable est celle d’un enfant en lui qui trouve injuste le comportement de l’adulte face à un enfant vulnérable. Il prend conscience que cet enfant en lui est en lutte pour établir un environnement qu’il n’a pas eu. Il cherche désespérément un monde avec des adultes sains.

 

 

Un manque de sens

Comme nous avons pu le voir avec l’histoire d’Adrien, l’enfant perçoit le comportement des adultes comme injuste. Car, ils ne remplissent par leur fonction d’adulte face à l’enfant qui est vulnérable. Ils ne lui apportent pas l’environnement sain nécessaire à son développement. Si nous regardons du point de vue de l’enfant, nous pouvons comprendre sa perception d’injustice au regard des éléments de compréhension qu’il a à sa disposition.

Or, avant 7 ans, le cerveau de l’enfant est immature, il dispose du cerveau limbique qui est le cerveau du chien. Ce qui fait qu’il n’a pas les moyens d’appréhender la complexité. De plus, un enfant du fait de son jeune âge a beaucoup moins d’information dans sa structure inconsciente qu’un adulte. Ce qui fait que sa perception de la réalité est limitée.

 

L’enfant n’a pas les informations lui permettant de voir que les comportements de ses parents viennent de stratégie simple qui ont été créées par le cerveau limbique dans leur enfance. Donc les comportements « injustes » des adultes sont des comportements d’enfant de moins de 7 ans. Ses comportements injustes sont des comportements immatures qui ont été mis en place par l’inconscient pour assurer la survie. C’est-à-dire, s’adapter à la référence des adultes pour avoir la nourriture affective nécessaire à la survie.

Pour le dire autrement, si mes parents n’avaient des comportements immatures de survie qui sont « injustes », ils n’auraient pas eu la nourriture affective nécessaire à leur survie et ils seraient morts. Et, je ne pourrais pas être en vie !

Ce qui veut dire que du point de vue de la vie, il n’y a pas d’injustice. C’est la vie qui a mis en place des stratégies de survie avec des moyens limités pour protéger la vie. Ce qui engendre des situations inadaptées. L’humanité est en évolution et elle n’est pas mature. Il n’y a pas de jugement, mais une compréhension du mouvement de la vie et de ses limites.

 

Adrien prend conscience qu’il n’y a pas vraiment de « comportement injuste » du point de vue de la vie. Et qu’en même temps, la perception d’injustice perçut par l’enfant en lui est vraie de son point de vue. Adrien réalise que cet enfant en lui n’a pas été rejoint dans sa vision et qu’il n’a pas été accueilli. C’est l’absence de l’adulte intérieur qui prend soin de l’enfant intérieur qui fait que l’enfant qui a vécu l’injustice prend toute la place dans sa conscience.

 

 

Pourquoi l’injustice est un enfer-me-ment ?

Une stratégie d’évitement engendre un enfer-me-ment

Comme nous avons pu le voir avec l’histoire d’Adrien, son inconscient a mis en place un schéma pour éviter les injustices. C’est-à-dire éviter le comportement d’adulte qui ne prenne pas soin de l’enfant vulnérable. Même si l’adulte malsain est face à un autre adulte. Or, ce qui perçoit la réalité est le schéma de survie d’un enfant qui prend tout l’espace de la conscience. C’est-à-dire que ce qui perçoit l’injustice est un enfant !

Et comme avant 7 ans le cerveau est immature, les stratégies mises en place sont simples, du type binaire :

  • C’est blanc ou noir
  • C’est bien ou mal

 

L’inconscient perçoit 400 milliards de bits d’information par seconde et le conscient seulement 2000. La stratégie d’un cerveau immature avec la faible capacité du conscient engendre une boucle mentale :

  • L’inconscient scanne la réalité pour identifier les environnements « injustes » qu’il veut éviter
  • Il les amène au conscient
  • Le conscient perçoit des situations à éviter et entre en lutte pour changer ces situations
  • L’inconfort vécu renforce la croyance de l’évitement de ces situations
  • L’inconscient scanne à nouveau la réalité …

 

La stratégie d’évitement des environnements avec des adultes « qui ne prennent pas soin de la vulnérabilité » est une stratégie d’attraction. Qui engendre une lutte venant d’un schéma destructeur qui cherche à « détruire » ceux qui ne prennent pas soin.

Cette stratégie à 2 effets négatifs pour soi :

  • J’attire ce que je ne veux pas
  • Je détruis inconsciemment, ce qui autodestructeur

 

En effet, si des comportements cherchent à être détruits, le moindre de mes faits et gestes vont être analysé par ce schéma inconscient. Si bien que je vais avoir beaucoup de jugement envers moi-même et qu’il va m’être difficile d’agir. Ce qui engendre une sursollicitation du mental.

 

Adrien prend conscience qu’en voulant éviter les injustices, il ne fait qu’être en lutte. Or, l’intention est de vivre l’harmonie en ayant un environnement sain. Adrien voit que la stratégie inconsciente d’éviter l’injustice dessert l’harmonie souhaitée. De plus, cela engendre plus de conflits que d’harmonie et l’empêche d’être simplement lui-même, c’est-à-dire, en arrêtant de se juger.

 

 

Une perception erronée

Pour dire que quelque chose est injuste, je dois définir en opposition ce qui est juste. Pour le dire autrement, je dois détenir LA Vérité pour affirmer qu’une chose est juste !

 

Ce qui est juste pour l’araignée n’est pas juste pour la mouche !

 

En effet, quand l’araignée à une mouche prise dans sa toile elle va pouvoir se nourrir et assurer sa survie, donc c’est juste pour elle. Et pour la mouche, c’est injuste, car elle va mourir.

De même que si l’araignée n’a pas de mouche dans sa toile, elle ne va pas avoir de nourriture et va mourir, donc c’est injuste pour elle. Et la mouche est en vie, ce qui est juste pour elle.

La justice est une question de point de vue. Si je cherche à définir LA Vérité, je vais me « percher » dans des concepts pour justifier le fait que JE n’aime pas ça. C’est une manière détournée pour avoir ce que je veux, sans affirmer mon identité. Je me cache derrière un concept.

La notion de justice est propre à chacun en fonction des valeurs qui nous sont propres. Ai-je le courage d’affirmer mes valeurs ? D’affirmer ma vision du monde ?

En sachant que quoi que je fasse ou dise, je vais avoir des personnes qui vont être en désaccord et vont me critiquer. Vais-je me cacher derrière « la justice » ou vais-je affirmer « Moi » et ce que je porte comme valeur ?

Ce qui engendre une affirmation de sa vision du monde et de ce que « Moi » je veux comme monde. Et vais-je construire le monde que je souhaite avec les personnes qui ont la même vision que moi ? Où vais-je passer mon temps à changer des personnes qui ne veulent pas changer ?

Si je lutte contre l’injustice, je vais avoir tendance à me battre contre des personnes qui ne veulent pas changer et je risque de m’épuiser. Si j’agis pour créer le monde qui est juste de mon point de vue, je vais avoir une stratégie pour construire ce que je souhaite en tenant compte de la situation présente. Ce qui veut dire que ça va prendre du temps !

Pour le dire autrement, si je veux aller à Perpignan, je dois savoir d’où je pars ! Sinon il m’est difficile d’établir un itinéraire. Ce n’est pas la même chose de partir de Bordeaux que de partir de Paris. C’est la même chose pour l’injustice. Si je n’accepte pas le monde actuel, comment vais-je définir une stratégie pour construire le monde que je souhaite ?

La lutte contre l’injustice est le rejet de la réalité telle qu’elle est, ce qui engendre une impatience et une incapacité de définir une stratégie et donc d’agir.

 

Adrien réalise qu’il souhaite un autre monde que celui dans lequel il vit actuellement. Il s’aperçoit qu’il est en rejet de ce monde. Adrien comprend que ça l’empêche de définir une stratégie claire et un plan d’action clair. Il reste enfermé dans une seule action : la lutte ! Adrien comprend qu’il va devoir se poser pour mettre de la clarté sur le point de départ et sur le point d’arrivée, afin de pouvoir définir un itinéraire clair. Et agir plutôt que réagir.

 

 

On m’a souvent demandé pourquoi je ne participe pas à des manifestations contre la guerre. Je réponds que je n’y participerai jamais, mais qu’à chaque fois que l’on organisera un rassemblement pour la paix, je serai là. – Mère Teresa

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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