Supériorité

 

Qu’est-ce que la supériorité ?

Thierry est paysagiste au sein d’une grande commune. Il côtoie des personnes qui, selon lui, se croient supérieures aux autres. Thierry est très énervé contre ces personnes, car selon lui elles ne respectent pas les autres. Elles posent leurs conditions sans réellement tenir compte des autres. À chaque rencontre, Thierry rumine et ceci lui consomme énormément d’énergie.

 

Ici, la supériorité est définie comme le fait d’affirmer son point de vue sans tenir compte des autres.

 

 

D’où vient cette aversion à la « supériorité » ?

Une non-écoute des besoins de l’enfant !

Lorsque Thierry était enfant, ses parents étaient d’une nature inquiète. Ils souhaitaient que Thierry ait tous les moyens pour « affronter » la vie. Ses parents lui ont enseigné ce qui était « bien » et ce qui était « mal » ! Thierry était réprimé quand un de ses comportements ne correspondait pas à la « bonne référence ». Dans sa perception d’enfant, lorsqu’il avait une envie en lui et qu’il cherchait à l’exprimer, elle était réprimée au nom de « LA Vérité !« .

Cette frustration engendrait une grande colère, qu’il ne pouvait exprimer. En tant qu’enfant, Thierry était pleinement dépendant de ses parents et sans leur amour il ne pouvait pas survivre (Voir l’expérience de Frédéric II). Et ses parents étaient tellement inquiets pour son avenir qu’ils ne pouvaient pas vraiment entendre les besoins de Thierry. Ils étaient enfermés dans leur peur. Bien qu’étant enfant, Thierry sentait bien qu’il y avait quelque chose qui n’était pas juste. Mais il ne pouvait pas l’exprimer. Son inconscient a enregistré que pour être libre, il faut éviter ceux qui font preuve de supériorité.

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Thierry, l’aversion à la « supériorité » s’est construite en opposition à la « supériorité » de ses parents. Il s’agit d’un enfant intérieur qui demande à être entendu dans ses besoins. Son cerveau étant immature, il se représente le monde à travers ses parents. Et se construit une carte du monde à partir de ses expériences (Pour aller plus loin, vous êtes libre de lire l’article Comment se libérer du combat ?). L’inconscient de Thierry en déduit les règles suivantes :

  • Il est impossible d’être entendu dans ses besoins.
  • Le monde est divisé entre les inférieurs et les supérieurs.

 

À la lumière de ses explications, Thierry prend conscience que l’énervement qu’il a vis-à-vis de certaines personnes qui, selon lui, sont supérieures est le reflet de son enfance. Il comprend que son inconscient filtre toute personne qui peut ressembler à ses parents. Et cherche à lutter contre ses personnes pour être libre. Thierry réalise que ce qui est énervé en lui est un enfant, qui perçoit le monde à travers une vision réduite de la réalité.

 

 

La construction de la croyance limitante « infériorité/supériorité »

Comme nous venons de le voir, le cerveau immature de l’enfant se représente de carte du monde à travers l’expérience qu’il a du monde durant son enfance. Étant incapable de percevoir la complexité, le cerveau de l’enfant structure sa représentation du monde sur la base de :

  • Punition: Ce que je veux éviter
  • Récompense: Ce vers quoi je veux aller

 

Cette perception du cerveau engendre des croyances limitantes dans la représentation du monde. En effet, l’inconscient de Thierry filtre la réalité à partir de la croyance :

  • Infériorité : Il y a des personnes inférieures
  • Supériorité : Il y a des personnes supérieures

 

L’inconscient n’a pas vu qu’en voulant éviter la supériorité, l’inconscient allait filtrer la réalité à partir de ce filtre. C’est-à-dire que l’inconscient perçoit le monde entre les supérieurs et les inférieurs. Cette représentation erronée du monde génère une croyance limitante qui pose le conflit :

  • La lutte entre les inférieurs et les supérieurs

 

Et pour assurer le bien-être de Thierry, son inconscient filtre toutes les personnes qui ressemblent de près ou de loin « aux parents supérieurs ». Pour les éviter en cherchant à :

  • Les fuir!
  • Les détruire!

 

Thierry s’aperçoit que sa tension vient d’une croyance limitante sur le monde. Il comprend que cette croyance divise le monde entre inférieur et supérieur, ce qui est la racine du conflit qu’il rencontre. Thierry prend réellement conscience que cette vision est celle d’un enfant et non d’un adulte !

 

 

Une boucle mentale

Le cerveau immature crée des stratégies d’évitement de ce qui est interdit pour vivre le bien-être. En l’occurrence, l’inconscient cherche à éviter la « supériorité » pour avoir l’amour. La supériorité est associée à un danger de mort, car sans nourriture affective, l’enfant meurt !

Or, l’inconscient peut traiter 400 milliards de bits d’information par seconde et le conscient seulement 2000. Ce qui fait que l’inconscient :

  • Filtre la réalité pour identifier toutes les situations de supériorité à éviter
  • L’inconscient envoie les situations au conscient
  • L’inconscient cherche à éviter les situations perçues comme dangereuses
  • Situation de lutte et renforcement de la croyance « la supériorité c’est mal »
  • L’inconscient filtre à nouveau la réalité …

 

Thierry s’aperçoit que le fait de vouloir éviter la supériorité pour vivre l’harmonie, ne fait que générer du conflit. Il réalise que la stratégie d’évitement est une stratégie d’attraction. Thierry comprend pourquoi il était souvent en conflit avec des personnes qui, selon lui, se croyait supérieur.

 

 

Pourquoi la « supériorité » est la clé d’accès à l’harmonie ?

La supériorité dans un domaine, n’est pas la supériorité de l’être !

Pour illustrer ce propos, prenons l’exemple d’un électricien. Il est plus compétent que moi dans ce domaine, car c’est son métier et que je sais mes compétences en électricité sont limitées. L’électricien est supérieur à moi dans le domaine de l’électricité !

Cependant, en ce qui concerne ma spécialité qu’est l’inconscient et les émotions, je suis plus compétent que lui. Dans ce domaine précis, je suis supérieur à l’électricien.

 

La supériorité dans un domaine n’est pas la supériorité de l’être !

 

L’intégration du paradoxe, je suis supérieur ET je ne suis pas supérieur, permet de percevoir la complexité. Et sortir de la vision limitante de l’enfant :

  • Il y a des personnes supérieures et des personnes inférieures

 

Thierry prend conscience qu’il ne fallait pas être supérieur, car c’était mal ! Il se rend compte qu’il est supérieur aux personnes qui l’emploient dans le domaine du paysagisme. Et en même temps il réalise que les personnes qui l’emploient sont supérieures à lui dans le domaine de la gestion d’une commune.

 

 

Voir ma valeur et prendre sa place

Accepter ma supériorité dans un domaine, permet de ne pas faire dépendre ma valeur au regard des autres. Les autres peuvent dire ce qu’ils veulent, je reconnais ma valeur. C’est-à-dire que je sais dans quel domaine je suis supérieur et quel domaine je suis inférieur.

Ceci me permet de connaitre ma place. C’est-à-dire que je sais ce qui est facile pour moi et difficile pour les autres. Ainsi, je peux voir comment je peux contribuer aux autres, en offrant ma valeur à ceux qui en ont besoin.

 

Thierry réalise que le fait de voir où il est supérieur lui permet de voir comment il peut venir en aide à ceux qui n’ont pas son talent. Il comprend qu’identifier sa supériorité permet de contribuer au monde en apportant sa valeur.

 

 

Sortir de la logique de destruction

Si je ne reconnais pas les domaines où je suis supérieur, ma valeur dépend du regard des autres. Et je vais m’énerver contre ceux qui se croient supérieurs et me juge. Je vais critiquer les personnes qui se croient supérieures, sans voir que le simple fait de les juger est de la posture haute ! C’est-à-dire que je me crois supérieur à ces personnes pour les juger, en prétextant que « MOI », je suis « du bon côté du manche » !

Le problème de cette aversion à la « supériorité » est que je détruis non seulement ma valeur et aussi celle des autres. Je vais refuser d’être supérieur dans un domaine, et je ne vais pas reconnaitre ma valeur. Et je vais refuser ceux qui reconnaissent leur valeur et exprime leur supériorité dans un domaine.

 

Thierry réalise qu’il se croyait supérieur à ceux qu’il jugeait supérieurs. Car il se mettait au-dessus d’eux pour les juger. Thierry réalise qu’en essayant de réprimer la supériorité, il l’exprimait de manière inconsciente et destructrice ! Non seulement il ne reconnaissait pas sa valeur, mais il détruisait ceux qui exprimaient la leur.

 

 

Accéder à l’adulte et voir la différence !

Comme nous l’avons vu, l’enfant à un cerveau immature, ce qui l’empêche de percevoir la complexité. Ce qui engendre des schémas inconscients limités qui divisent et empêchent de voir la différence.

En effet, si je peux percevoir que chaque personne est, dans un certain périmètre, supérieure à moi et qu’il en est de même pour moi. Je peux voir qu’il n’y a pas de supériorité d’être, mais des différences de compétences. Il n’y a que des places différentes.

De plus, je peux voir que j’ai besoin de la supériorité de l’autre pour m’aider dans un domaine. Et que les autres ont besoin de ma supériorité dans mon domaine d’expertise. Je vois que nous sommes interdépendants !

 

Thierry réalise qu’il n’y a pas vraiment de personnes supérieures à d’autres. Il s’aperçoit qu’il n’osait pas exprimer son expertise devant des personnes qui affirmait leur point de vue. Et c’est le fait de ne pas reconnaitre sa supériorité dans un domaine qui faisait qu’il paraissait peu confiant. Car à ce moment-là, il était l’enfant face aux parents. Thierry voulait éviter le désaccord, qui signifiait pour l’enfant le manque d’amour. Il réalise qu’il était coincé dans l’enfant du passé. Cette prise de conscience lui permet d’identifier ses moments et de changer au fur et à mesure son comportement pour accéder à l’adulte.

 

 

Rejeter la supériorité, c’est croire à la supériorité absolue. Or, l’absolu-ment ! L’absolutisme amène le conflit.

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

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