Qu’est-ce que la sécurité ?
Hélène est assistante comptable au sein d’un cabinet d’expert-comptable. Elle cherche constamment à maitriser son environnement. Que ça soit au niveau professionnel comme personnel. La moindre remarque au sujet de son travail engendre chez elle un mal-être et un sentiment d’insécurité. De même qu’au niveau personnel, Hélène est très sensible au regard des autres et cherche à maitriser son image. Elle dépense énormément d’énergie pour assurer sa sécurité matérielle et affective. Malgré ses efforts, Hélène a toujours la sensation d’être en insécurité et elle en souffre.
Ici, la sécurité est définie comme l’absence de sensation d’insécurité.
D’où vient ce besoin de sécurité ?
Une histoire de vie
Lorsque Hélène était enfant, ses parents faisaient tout pour assurer son bien-être. Et pour ce faire, ils cherchaient à lui éviter tous les inconforts possibles dans le but d’assurer une vie confortable. Ses parents évitaient qu’elle ait des émotions trop intenses en essayant de répondre à ses besoins rapidement, voir même en les anticipant. Ils cherchaient aussi à éviter qu’elle se fasse mal, en l’empêchant de prendre des risques ou en faisant à sa place. Pour le cerveau immature d’un enfant, le comportement de ses parents signifie qu’il faut faire attention, car le monde est dangereux. L’inconscient d’Hélène a compris qu’il y avait des dangers et qu’il fallait les identifier et les éviter afin de vivre le bien-être. Pour assurer la survie, l’inconscient a mis en place un enfant protecteur pour scanner à la réalité afin d’identifier et éviter tout danger éventuel.
Comme nous pouvons le voir avec l’histoire d’Hélène, l’intention des parents à vouloir protéger leur enfant à engendrer une perception erronée de la réalité. Non à cause de l’intention, mais de la peur des parents.
En effet, avant 7 ans nous ne disposons que du cerveau émotionnel. Ce qui veut dire que l’enfant perçoit la réalité à travers les émotions de ses parents et les 6 premiers mois à travers les émotions de sa maman. Si les parents ont peur qu’il arrive quelque chose d’inconfortable à leur enfant, l’enfant comprend qu’il y a un danger et qu’il faut faire attention.
La base de la structure inconsciente sera ces premiers moments et la perception qu’il aura de la réalité. Ce qui engendre la construction d’une identité en protection envers le monde extérieur.
Hélène prend conscience que la racine de sa perception de la réalité est basée sur des schémas inconscients qui ont l’âge d’un enfant de moins d’un an. Elle réalise que son besoin de sécurité et sa stratégie de maitrise de son environnement viennent d’un bébé qui cherche à avoir un environnement sécurisant. Hélène commence à comprendre pourquoi elle cherche constamment à maitriser son environnement.
Une croyance limitante
Comme nous pouvons le voir avec l’histoire d’Hélène, le monde est perçu comme dangereux. Ceci est dû à la perception erronée d’un cerveau immature.
En effet, avant 7 ans le cerveau émotionnel dont nous disposons est incapable de percevoir la complexité. Ce cerveau fonctionne sur le principe de punition/récompense :
- Si c’est agréable, je cherche à reproduire
- Si c’est désagréable, je cherche à éviter
La stratégie mise en place par le cerveau émotionnel est :
- J’évite les dangers pour vivre
Ce qui engendre la croyance limitante suivante :
- Si j’évite les dangers, je vais pouvoir vivre le bien-être
Cette croyance limitante suivante conduit au paradoxe suivant :
- Pour vivre le bien-être, je dois être en survie
Autrement dit, il s’agit du hamster qui court dans la roue. La quête de sécurité devient un enfer-me-ment.
Hélène réalise que la stratégie inconsciente qui est à la base de sa structure n’engendre qu’une quête effrénée vers l’évitement du danger. Elle prend conscience qu’elle ne peut pas éviter tous les dangers et que cette tentative l’enferme dans une insécurité permanente. Hélène voit que le monde n’est pas dangereux, car cela signifierait qu’il n’y a que des dangers dans le monde.
Une incapacité à vivre pleinement ses émotions
Comme nous venons de le voir, la perception que le monde est dangereux est perçue par le cerveau émotionnel comme :
- Il n’y a que des dangers !
Ce qui engendre une stratégie d’évitement du moindre inconfort dans l’intention de vivre l’état d’être de sécurité. Or, l’inconfort fait partie du processus naturel d’apprentissage (Pour aller plus loin, vous êtes libre de lire l’article « Pourquoi l’inconfort est la clé d’accès à la liberté » et « Comment se libérer des émotions désagréables« ).
En effet, l’apprentis-sage du nouveau se fait par un passage d’un inconnu vers la zone du connu. Et au niveau émotionnel, il suit le processus émotionnel suivant :
Le fait d’éviter l’inconnu pour rester dans sa zone de sécurité engendre une lutte contre l’inconnu. La stratégie inconsciente est de retourner à la joie en évitant les émotions de peur, de colère et de tristesse.
La quête de sécurité qui vise à rester dans la zone de connu en évitant les émotions « désagréables », engendre une lutte contre les émotions. Ce qui entraine des jeux de pouvoir pour changer l’extérieur, avec les conflits qui en découlent.
Or, c’est la capacité à vivre les émotions qui me permet d’être en lien avec la réalité et ainsi avoir la liberté de faire des choix (Pour aller plus loin, vous êtes libre de lire les articles « Comment se libérer des émotions désagréables » et « Pourquoi la tristesse est la clé d’accès à la joie« ).
Hélène prend conscience que sa quête de sécurité vient d’une stratégie inconsciente d’évitement des « émotions désagréables« . Elle réalise que le fait de vouloir éviter des émotions désagréables engendre des émotions désagréables. Hélène réalise que c’est le serpent qui se mord la queue. Elle comprend que la sécurité ne vient pas de l’évitement des émotions, mais de la capacité à vivre les émotions. Car dans le cas contraire il n’y aura que des conflits pour contrôler l’extérieur.
Pourquoi la sécurité est un mythe
Incapacité à maitriser l’environnement qui nous entoure
Le monde dans lequel nous vivons est complexe. Il y a tellement de paramètres qu’il est impossible de le modéliser. Techniquement, il y a une explosion combinatoire qui fait que l’intégration de tous les paramètres pour un tirer un modèle est impossible.
Le théorème d’incomplétude du mathématicien Kurt Godël montre que pour modéliser un système il faut être en dehors de ce système. En gros pour modéliser le monde, il faudrait être hors de monde. Vu qu’un être humain fait partie du monde, il est dans l’incapacité de déterminer « LE Modèle » du monde.
Notre cerveau humain ne peut pas avoir une vision exhaustive de l’environnement dans lequel il vit. Si je ne peux percevoir toutes les causes, je ne peux pas connaitre tous les effets. Autrement dit, je ne peux pas assurer la sécurité en cherchant à maitriser les causes extérieures.
C’est pour cette raison que la sécurité est un mythe. Et que la seule chose qu’il est possible de faire est de gérer les risques au mieux en comprenant qu’il y aura des risques qui n’ont pas été vus. Ceci est inhérent à notre condition humaine.
Hélène prend conscience que sa quête de sécurité est basée sur une illusion : « la maitrise de son environnement ». Elle prend conscience qu’elle ne pourra jamais maitriser tous les risques et que par conséquent elle ne pourra pas être en sécurité en contrôlant l’extérieur. Hélène comprend que la quête de sécurité par l’extérieur est un enfer-me-ment qui n’engendre que du conflit.
L’incapacité de fuir les émotions « désagréables »
Avant 7 ans nous disposions uniquement du cerveau émotionnel avant 7 ans, ce qui fait que notre structure inconsciente comporte de nombreux schémas du type :
- J’évite l’inconfort pour vivre le confort
- J’évite les émotions désagréables pour vivre la joie
- J’évite l’insécurité pour vivre la sécurité
Notre cerveau immature a donc mis en place des stratégies d’évitement pour vivre la sécurité :
- L’inconscient cherche à éviter une situation pour éviter une émotion désagréable
- La lutte pour éviter la situation engendre une émotion désagréable
Les stratégies d’évitement viennent d’un cerveau immature qui n’est pas capable de percevoir la complexité. Ce qui fait que l’inconscient ne voit pas qu’il est impossible d’éviter les émotions désagréables.
De plus, comme nous l’avons vu précédemment, éviter des émotions engendre un contrôle de l’extérieur. Et le contrôle de l’extérieur engendre un système totalitaire.
Vouloir être en sécurité en évitant les émotions désagréables engendre un système totalitaire !
Hélène réalise que la quête de sécurité est la quête d’un état d’être. Elle comprend qu’elle ne peut pas vivre l’état d’être de sécurité en le conditionnant à l’extérieur. Elle prend conscience que ce conditionnement à l’extérieur rend son bien-être impossible. Hélène voit qu’elle doit chercher la sécurité à l’intérieur. Qui passe par la capacité à être en paix avec les émotions qui la traverse.
Chercher la sécurité à l’extérieur de soi, c’est comme passer sa vie à être un enfant en quête d’une autorité qui joue le rôle de papa.
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être.
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