Qu’est-ce que la douceur ?
Lisa est graphiste au sein du service marketing d’une grande société. L’ambiance est tendue, car il y a de la pression pour livrer les différents projets. Selon Lisa, son responsable René est très « rationnel » et il manque d’empathie. Il ne prend pas en compte la dimension humaine de ses collaborateurs. René ne tient pas compte de l’affecte et des conséquences de ses actes au niveau émotionnel. Lisa aspire à la douceur et la fermeté de son responsable est très difficile à vivre. Elle souffre de cette situation et souhaiterait s’en libérer.
Ici, la douceur est définie comme faire preuve d’empathie dans les relations.
D’où vient la fermeté associée au manque de douceur ?
Lorsque René était enfant, ses parents étaient assez rigides. Il devait respecter les règles dictées par ses parents sinon il se faisait réprimander. Ses parents ne toléraient pas qu’il pleure, car il devait « être fort » pour affronter la vie ! Et lorsque René était en colère, lui faisait comprendre que ce n’était pas lui qui commandait ! Pour René, l’expression de ses émotions était perçue comme une rupture de lien avec ses parents. Ce qui pour l’inconscient d’un enfant totalement dépendant, c’est un risque de mort (Voir l’expérience de Frédéric II). Pour des raisons de survie, l’inconscient a interdit l’accès aux émotions. (Lire l’article En quoi le juge intérieur est un enfant protecteur)
Comme nous pouvons le voir dans l’histoire de René, la fermeté vient d’une protection de l’inconscient pour assurer sa survie. Si René n’avait pas cette fermeté, il serait mort !
La violence exprimée par l’adulte d’aujourd’hui est le reflet de la violence subit par l’enfant d’hier !
À la lumière de cette explication, Lisa prend conscience que la fermeté de René est le schéma inconscient d’un enfant qui a subi des violences éducatives. Elle s’aperçoit que l’inconscient de René le protège des émotions qui sont perçues comme un danger de mort. Que ça soit ses propres émotions ou les émotions des autres. Lisa voit le comportement de René sous un autre angle. Elle se rend compte qu’elle souhaite de la douceur et qu’elle est violente envers la protection inconsciente de René, qui à l’âge d’un enfant. Lisa réalise qu’elle ne faisait pas preuve d’empathie, alors que c’est ce qu’elle reprochait à René.
D’où vient le besoin de douceur ?
Lorsque Lisa était enfant, ses parents voulaient ce qu’il y a de mieux pour elle. Ils évitaient les comportements qui pouvaient générer de la frustration. Si bien qu’ils avaient des difficultés à poser des limites. Lisa n’a donc pas été accompagnée pour intégrer les émotions de frustration. De plus, ses parents usaient de stratagème d’influence pour faire faire ce qu’ils souhaitaient à Lisa, en évitant la fermeté. Ils pouvaient utiliser des techniques de manipulation et le mensonge.
L’enfant étant dans l’émotionnel, il sent le mensonge et la manipulation. L’enfant voit qu’au niveau verbal il y a un message et qu’au niveau non verbal il y a un message inverse. C’est une tentative de forcer l’enfant, sans le montrer. Il s’agit de violence cachée. Ce qui est plus destructeur pour la psyché d’un enfant !
Une douceur apparente est présentée et une force manipulatrice est en fond. Vu qu’il n’a pas de réel visage en face de lui, l’enfant est en quête de douceur qu’il ne trouve pas. Pour se protéger, l’inconscient cherche à éviter la fermeté cachée. L’inconscient est en quête de douceur en étant constamment en ouverture, car il rejette la fermeté ET en même temps, en évitant la fermeté à l’extérieur !
Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Lisa, la quête de douceur vient d’un manque de douceur dans l’enfance. Étant donné qu’avant 7 ans le cerveau de l’enfant est immature, l’inconscient n’a pas trouvé d’autres stratégies que :
- Resté en ouverture constamment, car il rejette la fermeté !
- Chercher à détruire la fermeté qu’il a laissé entrer !
Lisa prend conscience que sa réaction vis-à-vis de son responsable René vient de son manque de douceur pendant l’enfance. Elle comprend que sa réaction face à la fermeté vient de la réaction face à la violence cachée qu’elle a subie.
Pourquoi la fermeté est la clé d’accès à la douceur ?
La fermeté permet d’avoir un contenant pour accueillir la douceur
Comme nous l’avons vu avec l’histoire de Lisa, sans fermeté, je laisse tout entrer dans ma psyché, même ce qui n’est pas de la douceur ! Dit autrement, pour vivre la douceur, j’évite la fermeté et je laisse entrer les schémas destructeurs.
Nous pouvons imaginer que notre psyché est comme une maison. Si pour être dans la douceur je laisse tout ouvert, il va y avoir de nombreuses conséquences :
- Je n’aurais ni porte ni fenêtre, ce qui fait que l’été j’aurais chaud et l’hiver froid
- Tout le monde pourra entrer, même ceux qui n’ont pas de bonne intention à mon égard
- Ma maison sera squattée et je serai plus vraiment chez moi !
Il en est de même avec ma psyché. Si j’ouvre constamment, elle sera envahie et il n’y aura plus de « Moi ». Ce qui veut dire que si j’ouvre constamment pour vivre la douceur, je vais laisser la place au schéma de survie destructeur de ma lignée. Si bien que pour vivre la douceur, je vais exprimer la destruction !
Je suis doux en intention et ferme en action. Ce qui génère la destruction !
Si mon intention est de laisser s’exprimer la douceur, je vais devoir être clair sur ce que je veux vraiment. C’est-à-dire, que si je dis OUI à la douceur, je vais dire NON aux schémas destructeurs.
Ce qui veut dire que je vais devoir faire preuve de fermeté vis-à-vis des schémas destructeurs pour laisser la place à la douceur et pouvoir exprimer !
Je suis ferme en intention et doux en action. Ce qui engendre l’affirmation !
Pour donner une image, on peut imaginer que la douceur est l’eau. Si je veux donner à boire à quelqu’un et que je verse de l’eau sur la table, elle va s’étaler partout et la personne ne pourra pas bénéficier de mon eau.
Si par contre, j’utilise un verre qui est solide, ferme … Je vais pouvoir verser l’eau dans ce contenant et l’offrir à mon interlocuteur.
Le verre est ma structure psychique, le « Moi ». La fermeté et ce qui permettra au Moi de contenir la douceur, d’éviter qu’elle soit polluée par des schémas destructeurs.
À la lumière de ses explications, Lisa se rend compte qu’en voulant vivre la douceur, elle était douce envers les schémas destructeurs de sa lignée. Donc, elle est violente envers la fermeté comme ses parents. Et se cache derrière une image de douceur. Ce qui engendrait le résultat inverse de ce qu’elle souhaite que plus profond d’elle. Lisa réalise que la fermeté est nécessaire dans l’intention. Elle décide d’être ferme par rapport à son intention de douceur et d’agir en cohérence avec son intention. Et de faire preuve de fermeté quant aux schémas destructeurs qui vont à l’encontre de son intention.
La fermeté amène de la douceur à l’enfant intérieur
Comme nous avons pu le voir avec l’histoire de René et celle de Lisa, leurs systèmes de défense inconscients viennent de la fermeté de leurs parents utilisée à mauvais escient. Dans l’inconscient de l’enfant, cette fermeté est une force d’intrusion qui pénètre leur maison, sans qu’il puisse se défendre. L’enfant étant totalement vulnérable, s’il n’a pas l’amour, il meurt (Voir l’expérience de Frédéric II). Pour sa survie, il n’a donc pas d’autre choix que laisser cette force d’intrusion pénétrer sa maison, même si l’enfant est profondément en désaccord.
Une fois adultes, nous ne sommes plus totalement vulnérables comme l’enfant. C’est-à-dire que je peux décider qui entre dans ma maison. Et faire sortir ceux qui ne correspondent pas à qui je suis, à mes valeurs profondes.
C’est là où la fermeté agit. Nous pouvons l’imaginer comme le gardien de la maison. Le gardien est en relation avec l’être que je suis. Il agit pour faire respecter mes valeurs dans ma maison. Le gardien laisse les autres, être qui ils sont (« Les autres » étant les schémas inconscients qui représentent les personnages de mon enfance dans l’inconscient). Et en même temps, il affirme que dans cette maison ces comportements ne sont pas acceptés. Le gardien reconduit les personnes qui n’ont pas lieu d’être en dehors de la maison (en dehors de l’espace du Moi).
Ainsi le gardien permet à l’enfant d’être libre dans sa maison. Et de s’exprimer comme il le souhaite.
Lisa prend conscience que la fermeté permet de libérer l’enfant intérieur des schémas destructeurs de sa lignée. Elle comprend que grâce à la fermeté, elle pourra libérer sa maison et laisser place à la douceur qu’elle souhaite au plus profond d’elle.
Permet la douceur entre le masculin et le féminin intérieur
Note : En avant-propos, je précise que le Masculin et le Féminin ne correspondent PAS à l’homme ou la femme. L’homme ET la femme ont en eux le principe Masculin ET Féminin. Le principe Masculin/Féminin comprend de nombreux aspects. Pour aller plus loin, vous être libre de lire l’article Masculin et Féminin ça crée : l’écologie intérieure. Pour le besoin de cet article, seuls quelques aspects seront présentés.
Comme nous avons pu le voir, Lisa souhaite la douceur. Et pour y parvenir, elle avait un schéma inconscient destructeur qui cherchait à éviter la fermeté. Dit autrement, pour vivre la douceur elle détruisait ! Ce qui apportait l’inverse de ce qu’elle souhaitait.
Il s’agit d’un déséquilibre Masculin/Féminin.
Un défaut est une qualité posée au mauvais endroit.
Le rôle du Masculin
Le rôle du Masculin est d’avoir une fermeté d’intention. Pour aller vers ce que je souhaite vraiment au plus profond de mon être. Cette fermeté est au niveau de l’information. Par exemple : je souhaite la douceur !
Comme le capitaine de navire, il garde le cap !
La tempête sont les nombreuses pensées « ça se fait ! / ça ne se fait pas ! », qui nous ont été inculquées et qui envahissent notre esprit.
Le capitaine reste focalisé sur l’intention profonde et vérifie si ces pensées vont dans cette direction. Dans le cas contraire, il ne les écoute pas pour garder le cap !
Les pensées engendrant des comportements, en gardant le cap, le capitaine s’assure que les comportements sont en cohérence avec l’intention profonde.
Lisa prend conscience qu’elle n’avait pas un cap clair. Qu’elle cherchait plus à détruire ce qu’elle ne voulait pas que d’aller vers ce qu’elle voulait. Elle comprend qu’il y avait un problème de cohérence entre l’intention et les stratégies utilisées. Pour vivre la douceur, elle faisait la guerre. Lisa décide de se répéter un mantra 10 fois par jour pendant 1 mois pour ancrer le cap : « Je choisis la douceur et je m’assure que ce que je suis en train de vivre est en cohérence avec la douceur ».
Le rôle du Féminin
Le rôle du Féminin est de matérialiser l’intention. Ceci, pour vivre mon intention. C’est au niveau de la matière, du ressenti.
Le Féminin est le maître d’œuvre !
Pour donner une image, Le Féminin dispose des plans de la maison fournis par le Masculin. Les plans sont de l’information et seuls, ils ne permettent d’avoir la maison. Ceci va demander des produits et la coordination de nombreux intervenants pour matérialiser la maison. Le Féminin est le maître d’œuvre qui permet la réalisation de l’intention profonde !
Lisa prend conscience que ses comportements n’étaient pas en cohérence avec son intention de douceur. Elle réalise que si l’intention n’est pas claire, la mise en œuvre non plus. Lisa s’aperçoit que ce qu’elle vit est la mise en œuvre de son intention. En s’apercevant qu’elle ne vit pas la douceur, elle comprend qu’elle ne choisit pas clairement la douceur. Elle de prêter attention à ses comportements qui ne sont pas en cohérence avec son intention. Et de trouver de nouveaux comportements à mettre en œuvre pour vivre son intention. Lisa a bien conscience que comme tout apprentissage, ceci est progressif. Et elle est prête à s’engager dans le temps pour réaliser ce qu’elle souhaite vraiment vivre.
L’affirmation de la douceur. Je suis ferme dans mon intention et doux dans l’expression.
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être