Qu’est-ce que l’impuissance ?
Marie-Françoise est inquiète pour sa fille Flora qui s’est fait licencier. Flora est au chômage et c’est la première fois que ça lui arrive. Elle est un peu sous le choc. Sa maman Marie-Françoise s’inquiète pour la sécurité financière de sa fille. Et elle voit tous les problèmes qui peuvent découler cette situation, comme ne plus pouvoir payer son loyer et plus globalement, l’incapacité à subvenir à ses besoins vitaux. Marie-Françoise est inquiète et se sent impuissante face à la situation de sa fille Flora. Et elle passe son temps à téléphoner à sa fille pour savoir comment elle va.
Ici, l’impuissance est définie comme l’incapacité à résoudre un « problème ».
D’où vient cette perception d’impuissance ?
Une histoire de vie
Lorsque Marie-Françoise était enfant, ses parents réprimaient fortement ses émotions trop intenses à leur goût. Ce qui veut dire qu’elle n’avait pas le droit d’exprimer sa colère ou sa tristesse. Face à cette situation, Marie-Françoise comprend que vivre ses émotions engendre le rejet de ses parents. Or, pour l’inconscient le rejet de ses parents est un risque de mort. En effet, un enfant qui n’a pas la nourriture affective nécessaire à sa survie (Voir l’expérience de Frédéric II). Pour assurer la survie, l’inconscient a mis en place un enfant protecteur qui mettra tous les moyens à dispositions pour éviter les émotions de colère ou de tristesse. Ce qui fait que toute situation pouvant engendrer une émotion de colère ou de tristesse réactivera la peur de l’enfant qui a peur de mourir.
Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Marie-Françoise, le fait que l’inconscient réprime les émotions de colères ou de tristesse fait qu’il y a le schéma de peur d’être rejeté de ses parents qui est réactivé. Autrement dit, lorsqu’une situation ressemble de près ou de loin à la situation de l’enfance, Marie-Françoise dispose des moyens d’un enfant de 3 ans face à ses parents. D’où la perception d’impuissance.
Marie-Françoise prend conscience que sa sensation d’impuissance vient d’un enfant à l’intérieur d’elle. Elle comprend qu’elle est comme un enfant impuissant face à ses parents. Marie-Françoise réalise que ce n’est pas la situation de sa fille qui génère son mal-être, mais la peur de l’enfant qui perçoit les difficultés de la vie comme insurmontables.
Une incapacité à changer l’extérieur
Comme nous l’avons vue avec l’histoire de Marie-Françoise, la sensation d’impuissance vient d’une régression à l’âge d’un enfant. C’est-à-dire que c’est un schéma inconscient qui à l’âge de 2-3 ans qui est aux commandes.
Ce qui veut dire que je ne dispose que du cerveau émotionnel, comme un enfant de moins de 7 ans. Ce dernier n’est pas capable de percevoir la complexité, ce qui veut dire qu’il met en place des stratégies simples du type :
- J’évite l’inconfort pour vivre le confort
Ce qui veut dire dans le cas de Marie-Françoise :
- J’évite les émotions de colère et de tristesse pour vivre la joie
Et pour éviter de vivre les émotions de colère et de tristesse, l’inconscient cherche à contrôler l’extérieur. Ce qui peut passer par chercher à contrôler les personnes de son entourage pour changer la situation et ainsi éviter de vivre l’émotion.
Nous pouvons donc avoir des personnes prétendant « aider », alors qu’inconsciemment ils cherchent à contrôler l’extérieur pour éviter de vivre leurs émotions. Le « sauveur » est celui qui cherche à éviter de vivre ses propres émotions.
Marie-Françoise prend conscience qu’elle cherchait à « aider » sa fille pour éviter de ressentir ses propres émotions. Elle réalise qu’elle était dans le pouvoir sur sa fille, bien plus que dans l’accompagnement. Marie-Françoise s’aperçoit qu’elle pensait être gentille et voit qu’elle utilise sa fille pour éviter de ressentir ses émotions.
Un enfer-me-ment dans la peur
Comme nous l’avons vu, un schéma inconscient cherche à éviter la colère et la tristesse pour vivre la joie. Or, ceci veut dire que je dois contrôler constamment l’extérieur pour vivre la joie. Et le fait de chercher constamment à contrôler l’extérieur, ce qui engendre une tension intérieure. Et au lieu de vivre la joie, je vis la tension.
De plus, cette stratégie d’évitement génère un enfer-me-ment dans la peur. Car le processus émotionnel se déroule de la manière suivante :
C’est-à-dire que si je ne peux pas vivre la colère ni la tristesse, je reste coincé au niveau de la peur. Je ne peux pas passer à l’étape colère, puis tristesse et enfin joie ! (Pour aller plus loin, vous êtes libre de lire l’article « Comment se libérer des émotions désagréables« ).
Marie-Françoise réalise qu’éviter les émotions inconfortables ne la libère pas, mais l’enferme. Elle réalise que chercher à contrôler constamment l’extérieur est comme être un hamster qui court dans une roue.
Pourquoi l’impuissance est les clés d’accès à la puissance ?
L’impuissance permet d’accéder à la joie
L’impuissance permet d’accéder à la tristesse. Cette émotion est la dernière du processus émotionnel. Une fois que la tristesse est vécue jusqu’au bout, l’inconscient voir que la situation ne présente pas un danger de mort. La situation est perçue comme sécurisée et l’inconscient l’intègre dans sa zone de connu. Il est ainsi possible de vivre la joie dans cette situation (Pour aller plus loin vous être libre de lire l’article « Pourquoi la tristesse est la clé d’accès à la joie« ).
Marie-Françoise prend conscience qu’éviter les émotions désagréables, c’est éviter de vivre la joie. Elle prend conscience que l’accès à l’impuissance permet de vivre la tristesse. Et par conséquent, d’accéder à la joie.
L’impuissance permet d’accéder à la clarté
Comme nous venons de la voir, l’impuissance permet de vivre la tristesse et d’accéder à la joie. Ce qui veut dire que le schéma inconscient de survie voit qu’il n’y a pas de danger et cesse de réagir. Autrement dit, que je ne suis plus coincé dans le cerveau émotionnel, qui correspond à l’âge d’un enfant de moins de 7 ans. Ce qui me donne accès à mon cerveau rationnel qui me permet de percevoir la complexité. Le fait de pouvoir percevoir la complexité me donne accès à plus d’information et ainsi voir les solutions qui s’offre à moi.
Marie-Françoise prend conscience que l’accès à l’impuissance permet d’accéder ses pleines capacités d’analyse. Elle comprend maintenant pourquoi elle était inquiète, elle était incapable de contrôler l’extérieur et ne voyait pas de solution. Marie-Françoise réalise que le fait d’avoir accès uniquement au cerveau d’un enfant de moins de 7 ans l’empêchait de voir clairement la réalité.
L’impuissance permet d’accéder à l’action plutôt que la réaction
Comme nous venons de le voir, l’impuissance permet de vivre la tristesse et clore le processus émotionnel. Et ainsi désactiver les schémas inconscients de survie. Ce qui permet d’agir et non de réagir.
En effet, quand l’inconscient cherche à éviter les émotions de colère et de tristesse, il entre en réaction avec les situations qui peuvent susciter ce type d’émotion. Ce qui empêche d’agir avec clarté.
Or quand, le schéma inconscient se survie est désactivée, l’action avec clarté devient possible. Et c’est à ce moment que la puissance apparait. Quand je peux agir avec ce qui est, sans avoir de pollution mentale du type « ce n’est pas normal », ça ne devrait pas être comme ça »…
La puissance vient de la capacité à agir en contact avec la réalité, en étant capable de réponde clairement aux questions :
- Qu’est-ce qui est ?
- Qu’est-ce que je peux faire ?
Marie-Françoise s’aperçoit que l’impuissance permet de percevoir clairement la réalité. Dans le sens où elle peut voir clairement ce qu’elle peut faire et ce qu’elle ne peut pas faire. Et étant au clair avec son impuissance, c’est-à-dire là où je n’ai aucun pouvoir, elle peut accéder à la puissance !
L’impuissance permet d’intégrer mes limites. Et la clarté sur mes limites me donne accès à ma puissance.
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être