Amour de soi

 

Qu’est-ce que le manque d’amour de soi ?

Hugo est designer dans une agence marketing. Bien que son talent soit reconnu par ses collègues, il se juge constamment. Hugo voit toujours ce qui pourrait être corrigé et il ne peut se satisfaire de ce qu’il a déjà produit. Et c’est la même chose pour lui-même. Il se juge sur des traits de caractère qu’il n’aime pas chez lui. Et même si son acharnement à vouloir être « parfait » lui a permis de changer certains traits de caractère, Hugo continue de regarder ce qui est à « corriger » selon lui. Il se juge constamment et il est comme le hamster qui court dans la roue. Hugo souffre de cette situation et souhaiterait s’en libérer.

 

Ici, le manque d’amour de soi vient d’une focalisation sur ce qui semble être à « corriger ».

 

D’où vient ce manque d’amour de soi ?

Une histoire de vie

Lorsqu’Hugo était enfant, ses parents étaient très exigeants. Ils avaient une telle peur du regard des autres, qu’ils faisaient tout pour que Hugo en soit « protégé ». Ses parents le réprimandaient à la moindre « fausse note ». C’est-à-dire, à chaque fois qu’Hugo avait un comportement qui selon eux n’était pas « bon » et qui pouvait être jugé par les autres. Leurs peurs faisaient qu’ils étaient très virulents et ce qui était vraiment effrayant pour l’enfant qu’Hugo était. Il était tétanisé lorsque ses parents criaient. Ce manque d’amour était perçu comme un risque de mort. En effet, sans nourriture affective, un enfant ne peut pas survivre (Voir l’expérience de Frédéric II). Son inconscient a enregistré que pour avoir l’amour, il devait correspondre aux comportements jugés « bons » par l’extérieur. L’inconscient de Hugo a donc mis en place un enfant protecteur pour s’assurer que les références des figures d’autorité extérieure soient respectées.

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire d’Hugo, son inconscient a interdit certains comportements pour correspondre à la référence d’autorité extérieure. Les jugements qu’il a envers lui-même sont la répétition des jugements qu’il a subits étant enfant. Et c’est son inconscient, à travers l’enfant protecteur, qui rejoue les jugements pour s’assurer qu’Hugo ait le « bon comportement » et ainsi la nourriture nécessaire à sa survie.

 

À la lumière de ses explications, Hugo comprend que les jugements qu’il a envers soi sont ceux de ses parents. Ces derniers avaient tellement peur du regard des autres, qu’ils voulaient qu’il soit parfait ! Ceci dans l’intention de fuir l’émotion du regard des autres et ainsi vivre l’amour. Hugo réalise que l’intention de ses parents était qu’il vive l’amour et que le résultat de la stratégie qu’ils ont mis en œuvre génère l’inverse.

 

 

Un cerveau immature

Avant 7 ans, notre cerveau est immature et nous ne disposons que du cerveau « limbique », si bien qu’il ne peut mettre que des stratégies simples en œuvre du type binaire :

  • C’est blanc ou noir
  • C’est bien ou mal

 

Ce cerveau « limbique » correspond au cerveau du chien et fonctionne avec le mode punition/récompense :

  • Si j’ai l’amour, j’autorise
  • Je ne n’ai pas l’amour, j’interdis

 

Ceci engendre des interdictions de comportements pour avoir l’amour. Or, comme nous l’avons vu, l’intention de vivre l’amour engendre une tension. Ceci vient de ce cerveau immature.

En effet, avant 7 ans, le cerveau est incapable de percevoir la complexité et il met en œuvre des stratégies sans pouvoir en percevoir toutes les conséquences.

Nos schémas inconscients qui s’expriment à travers des voix dans notre tête correspondent à un enfant de moins de 7 ans. Même si je crois que c’est moi l’adulte qui a ces jugements, ce n’est pas le cas !

Ses voix dans ma tête correspondent à l’enfant en moi qui cherche à « faire plaisir » à la référence d’autorité extérieure pour avoir l’amour. C’est l’expression de l’enfant en moi en quête d’un adulte qui l’aimera tel qu’il est !

C’est ce qui donne l’impression de subir, car inconsciemment je suis l’enfant impuissant face à mes parents. Même si cette impuissance peut s’exprimer par un côté « Rebel ». Le Rebel donne le pouvoir à une autorité extérieure et lutte contre le pouvoir qu’il a lui-même donné. Le Rebel est un enfant en quête d’un adulte sain, qui pourra l’aimer tel qu’il est. Le Rebel cherche l’amour à l’extérieur.

 

Hugo réalise que les voix du jugement dans sa tête sont les voix de l’enfant en lui qui répète les jugements des figures d’autorités. Et principalement le « Soit parfait » ou « Ce n’est jamais assez bien ». Hugo comprend que c’est l’enfant en lui qui cherche à correspondre au modèle de la perfection pour être enfin aimé !

 

 

Pourquoi je ne m’aime pas tel que je suis ?

Une identification à l’enfant

Comme nous l’avons vu avec l’histoire d’Hugo, le fait de ne pas s’aimer vient de l’identification à l’enfant impuissant en nous. L’enfant en quête d’amour d’une autorité extérieure en cherchant à correspondre au « bon modèle ».

Et si l’enfant n’a pas l’amour de tout le monde, c’est qu’il doit corriger quelque chose !

Pour donner une image, l’enfant qui évolue dans un contexte entre 0 et 7 ans, « télécharge » la carte du « JEu » de la vie. C’est comme s’il entrait dans un jeu vidéo et téléchargeait la carte du « JE ». Et dans le contexte dans lequel a évolué Hugo, la carte du « JE » est :

  • Je suis aimable uniquement si je suis parfait !

 

Et « parfait », pour un cerveau immature, signifie être aimé par tout le monde. Or, le chocolat n’est pas aimé par tout le monde. Pourquoi serais-je meilleur que le chocolat ? J

Il s’agit d’une quête d’amour absolu d’un enfant qui ne perçoit pas le monde dans sa complexité. C’est-à-dire que le cerveau immature ne permet pas de voir qu’un goût est unique. Et que comme le chocolat, son goût est aimé et n’est pas aimé. Il y a des différences de perception du goût du chocolat. Son goût reste unique. Personne ne parle du goût du chocolat, mais chacun parle de son expérience du goût du chocolat en bouche. C’est pareil pour mon identité. Personne ne parle de moi, mais chacun parle de son expérience, de ses sensations.

C’est l’identification à l’enfant en soi avec l’immaturité du cerveau qui va avec qui fait qu’il y a une incapacité à percevoir que les figures d’autorité ne parlent pas de moi, mais de leur expérience du « goût » que j’ai. Cette incapacité à percevoir cette complexité qui fait qu’une part enfant en moi cherche l’amour absolu à l’extérieur.

 

Hugo prend conscience que sa quête de perfection est celle d’un enfant immature qui imagine qu’il y a un « bon goût ». Sans voir qu’il n’y a que des expériences subjectives, des différences de perceptions du goût. Cette quête du « bon goût » qui permettrait d’être aimé par tout le monde vient de l’immaturité d’un enfant.

 

 

L’absence de l’adulte à l’intérieur

Comme nous avons pu le voir, le manque d’amour de soi vient de l’identification a un enfant en soi qui chercher à être aimé de manière inconditionnelle. Autrement dit, cet enfant en nous est en quête d’un adulte qui l’aimera inconditionnellement. Et cet enfant cherche cet adulte à l’extérieur ! C’est comme si cet enfant en nous était abandonné et qu’il n’y avait pas d’adulte à l’intérieur !

L’enfant en quête d’amour inconditionnel a besoin d’être aimé par l’adulte que nous sommes !

L’adulte intérieur est une puissance aimante. Dans le sens où il est stable et ferme afin d’être un pilier et un protecteur. Et en même temps, il est accueillant et aimant.

Or, si enfant, la puissance a été utilisée pour réprimer et non pour servir de pilier et de protection, il y a une mauvaise perception de la puissance. Si bien, que l’adulte est soi est perçu comme mauvais. Ce qui fait que je n’autorise pas la présence de l’adulte en moi. Ce qui a pour effet d’abandonner l’enfant en moi.

Il n’y a personne à l’intérieur pour aimer cet enfant en quête d’amour. Ce dernier, tel un mendiant, cherche par tous les moyens de l’amour. Ce refus d’accéder à la puissance engendre une impuissance. Dans le sens où l’enfant en soi est toujours dépendant d’une figure d’autorité à l’extérieur pour pouvoir vivre (patron, gouvernement …).

 

Hugo s’aperçoit qu’il refusait le côté « dur » en lui, car il le jugeait mauvais. Hugo comprend que c’est le mauvais usage de la puissance par ses parents qu’il jugeait mauvais. Et qu’il a confondu l’usage de la puissance et la puissance. Si bien, qu’inconsciemment, il s’est coupé de sa puissance et sa capacité à vivre sa vie. Et en même temps, Hugo s’est coupé de sa capacité à aimer de manière inconditionnelle, l’enfant en lui qui est en quête d’amour. Ce qui fait qu’il s’est coupé sa capacité à s’aimer tel qu’il est.

 

 

Il faut se fréquenter… soi-même assidûment pour se rencontrer, pour se découvrir, pour s’aimer, enfin. – Jacques Salomé

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

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