Qu’est-ce que la dépendance ?
Florian est actuellement employé au sein d’une entreprise de BTP. Il souhaite quitter son emploi et en trouver un autre, car il n’aime pas la manière dont son supérieur hiérarchique lui parle. Florian se considère comme indépendant et selon lui, il n’a pas besoin d’une personne sur le dos pour faire son travail. Florian a horreur de se sentir dépendant de quelqu’un et il fait tout ce qui est en son pouvoir pour être libre en évitant la dépendance.
Ici, la dépendance est définie comme un emprisonnement.
D’où vient cette aversion à la dépendance ?
Une histoire de vie
Lorsque Florian était enfant, ses parents voulaient tout faire pour lui. Ceci afin qu’il soit bien. L’intention des parents était bonne, mais la stratégie oubliait un détail. Florian a une identité propre et penser à sa place est une manière de nier son identité. Florian ne pouvait faire les choses par lui-même, sa découverte du monde était limitée. Cette limite de son identité et de la découverte du monde est associée à un emprisonnement de son être. Ce qui était très douloureux pour l’enfant qu’il était.
En même temps, il était totalement dépendant de ses parents. Ce qui fait qu’il y avait une part de lui qui voulait être libre et une autre qui voulait être en sécurité. Ce qui engendrait un conflit intérieur. Pour résoudre ce conflit, l’inconscient de Florian a mis en place un enfant protecteur, afin d’éviter la dépendance afin de vivre la liberté et la sécurité.
Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Florian, la stratégie d’évitement de la dépendance a vocation à répondre à ses deux besoins :
- Le besoin de liberté
- Le besoin de sécurité
À la lumière de ces explications, Florian prend conscience que son aversion à la dépendance vient d’une stratégie de son inconscient qui a été créé pendant son enfance. Il réalise que ce qu’il souhaite vraiment au fond de lui, c’est être libre et en sécurité.
Un cerveau immature
Avant 7 ans, notre cerveau est immature et nous disposons uniquement du cerveau limbique. Ce qui signifie que nous n’avons pas les moyens de traiter la complexité. À cet âge, notre cerveau peut uniquement mettre des stratégies du type :
- C’est blanc ou noir
- C’est bien ou mal
Florian avait un besoin de sécurité et de liberté. Et ce qui entravait ses besoins était la dépendance qu’il avait vis-à-vis de ses parents, car il était enfant. Le cerveau n’était pas capable de définir une stratégie complexe pour répondre à ses deux besoins. Il a donc appliqué la stratégie utilisée par ce cerveau immature :
- J’évite l’inconfort pour vivre le confort
L’inconscient disposait des éléments suivants :
- Le confort est la liberté et la sécurité
- L’obstacle est la dépendance
Compte tenu des éléments et de l’immaturité du cerveau, l’inconscient en a déduit qu’il devait éviter la dépendance pour vivre la liberté et la sécurité.
Florian s’aperçoit que la stratégie d’évitement de la dépendance est une stratégie qui vient d’un cerveau immature. Il comprend que c’est un comportement d’enfant qui est en train de se jouer quand il cherche à éviter la dépendance.
Pourquoi éviter la dépendance est un enfer-me-ment ?
Les stratégies d’évitement sont des stratégies d’attraction
Comme nous l’avons vu précédemment, la stratégie d’évitement de la dépendance vient d’un cerveau immature. Ce qui veut dire qu’il est incapable de voir toutes les conséquences des stratégies qu’il met en place, à cause de son incapacité à appréhender la complexité.
L’inconscient ne peut pas voir qu’il se tire une balle dans le pied. En effet, la stratégie d’évitement de la dépendance va engendrer une dépendance et un enfer-me-ment.
L’inconscient peut traiter 400 milliards de bits d’information par seconde et le conscient seulement 2000 bits d’information par seconde. Ce qui fait que la stratégie d’évitement de la dépendance va engendrer la boucle mentale suivante :
- L’inconscient scanne la réalité pour identifier ce qui pourrait engendrer une dépendance
- L’inconscient apporte tous les éléments qu’il a trouvés au conscient
- Le conscient cherche à éviter la dépendance, ce qui engendre une sensation d’enfer-me-ement
- La croyance que la dépendance me prive de la liberté et la sécurité se renforce
- L’inconscient scanne à nouveau la réalité …
Comme nous pouvons le voir, la stratégie d’évitement de la dépendance engendre de la dépendance.
Florian réalise qu’en voulant éviter la dépendance, son inconscient va lui apporter toutes les situations qui peuvent engendrer de la dépendance. Il prend conscience que cette fuite ne le mènera nulle part !
La croyance en la dépendance est erronée
Comme nous l’avons vue, l’évitement de la dépendance engendre la dépendance. Mais ce qui n’est pas vu, c’est qu’il y a une dépendance à l’extérieur pour vivre la liberté et la sécurité. En effet, la croyance sous-jacente est que mon état intérieur dépend de l’extérieur.
Or ceci est un mensonge (Pour aller plus loin, vous êtes libre de lire l’article « Comment se libérer de la peur du manque« ). Le simple fait de penser à la situation idéale que je cherche, me permet de me connecter à l’état d’être « liberté » et « sécurité » qui est déjà en soi. Ce qui me permet de vivre l’état d’être souhaité indépendamment des conditions extérieures.
Florian prend conscience que le fait de penser à la situation idéale où il serait totalement indépendant lui permet de ressentir une sensation de liberté. Il voit que son imagination lui permet de se « brancher » sur l’état d’être qu’il souhaite. Et ceci, même quand les conditions ne sont pas remplies à l’extérieur. Florian réalise qu’il n’est pas dépendant de l’extérieur pour vivre les états d’être qu’il souhaite.
Empêche d’accéder à la liberté
Comme nous l’avons vu, vouloir éviter la dépendance vient du mensonge que mon état intérieur dépend de l’extérieur. En même temps, dans ma vie, je ne fais pas tout :
- Je ne vais pas construire ma maison
- Je ne produis pas toute mon alimentation
- Je ne produis pas l’électricité ou l’eau qui arrive chez moi
- Je ne produis pas mes vêtements
- …
Ce qui veut dire que je vais avoir besoin des autres pour certains biens ou services. Que je le veuille ou non, j’ai une certaine dépendance au monde extérieur pour subvenir à mes besoins. Et en même temps, le monde extérieur va avoir besoin de moi, même si je ne suis pas la solution exclusive :
- Mon employeur a besoin que la fonction que j’occupe soi assumé par quelqu’un
- Mes proches qui ont un besoin de partage ont besoin de quelqu’un pour partager
- …
Florian s’aperçoit que bien qu’il soit indépendant de l’extérieur pour son état d’être, il est dépendant de l’extérieur pour la réalisation de ses envies, ses projets …
Pour le dire simplement, j’ai besoin des autres et les autres ont besoin de moi. C’est ce qui est appelé l’interdépendance. L’interdépendance est le niveau de maturité le plus élevé, il s’agit de l’adulte.
Il y a 3 niveaux de maturité :
- La dépendance : qui est celui de l’enfant qui s’enrichit des connaissances de la famille.
- L’indépendance : qui est celui de l’adolescent qui va s’enrichir à l’extérieur de la famille.
- L’interdépendance : L’adulte qui a fait le tri entre toutes les informations qu’il a récolté. Et qui agit en référence interne en interdépendance avec le monde.
En d’autres termes, si je n’ai pas perçu que je ne suis pas dépendant de l’extérieur en ce qui concerne mes états d’être, je vais avoir une stratégie d’évitement de la dépendance. Ce qui va engendrer une quête d’indépendance qui est impossible, car j’ai besoin des autres pour l’électricité, l’eau courante … Ce qui fait que je serai comme un hamster qui court dans sa roue.
Ceci qui m’empêchera d’agir en interaction avec le monde et me bloquera au niveau de l’adolescent. À l’âge adulte, je serai un « adulescent » en lutte avec différente forme d’autorité.
Florian voit qu’il est en lutte avec l’autorité, car il veut l’indépendance. Il n’avait pas vu que l’indépendance est au niveau des états d‘être et non avec l’extérieur. Il prend conscience qu’il y aura toujours un certain niveau de dépendance et que c’est le choix face à ces dépendances extérieures qui lui apportera la liberté. Florian réalise que l’acceptation de cette dépendance lui permet d’agir avec « ce qui est » et le rend libre.
L’acceptation de la dépendance me rend libre et me donne accès à l’interdépendance.
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être