Photo de Gilles Péris y Saborit

Qu’est-ce qu’un défaut ?

Prenons quelques exemples

  • Véronique est timide
  • Matéo est obstiné

Ce qui est communément appelé « défaut » est le reflet d’un manque :

  • Véronique manque de confiance
  • Matéo manque de souplesse

Globalement, quand nous parlons de défauts, nous parlons de ce que la personne n’a pas ou peu, selon notre perception.

D’où viennent les défauts ?

Véronique est née dans une famille où le regard des autres était très important. Véronique était souvent jugée, afin de se conformer aux codes sociétaux. Elle n’était jamais assez bien. Ce jugement s’est intériorisé dans son inconscient et se répète sous forme d’une petite voix. L’expression de Soi est interdite, seuls les codes sociétaux sont autorisés. Elle n’ose pas s’exprimer de crainte de mal faire.

Matéo est né dans une famille où la résolution de problème se faisait par les rapports de forces. Quand Matéo souhaitait résoudre les problèmes en faisant preuve de souplesse, il se retrouvait face à un rapport de force. Il vivait une émotion douloureuse et son inconscient a interdit le comportement souple. Ceci afin de correspondre à la référence familiale et avoir la nourriture affective nécessaire à son développement.

Ce qu’on appelle défaut est un schéma inconscient de protection, qui interdit un comportement pour avoir la nourriture affective nécessaire à notre survie. (Voir article En quoi le juge intérieur est un enfant protecteur ?). Si nous n’avons pas l’amour, nous mourrons (voir l’expérience de Fédéric II)

Autrement dit, si la personne n’avait pas ce que nous appelons « défaut », elle serait morte. À la lumière de cette compréhension, la question est :

Est-ce que je veux que la personne soit morte, ou qu’elle ait des défauts ?

Lorsque je suis en lutte contre un « défaut », je suis en lutte contre ce que la vie a mis en place pour perdurer. En luttant contre les défauts, je lutte contre la vie, donc pour la mort.

Je peux donc aimer ce que j’appelle mes défauts, car je vois que c’est juste le moyen que mon inconscient d’enfant a trouvé pour rester en vie. Sans mes défauts, je serai mort.

En quoi les défauts sont des qualités, des talents ?

Véronique est timide et pour éviter de vivre des situations désagréables, elle fait très attention à son environnement. Pour compenser sa timidité, elle a développé une qualité d’écoute très importante. Elle est devenue une « oreille » pour ses camarades, une personne à qui on peut se confier. Ce défaut apparent lui a permis de développer une qualité.

Matéo, est obstiné et pour éviter les situations lui échappent, il a développé une force intérieure. Il ne lâche rien et va au bout de ses projets. Cette ténacité lui a permis d’être entrepreneur, malgré les découragements de son entourage. Il a pu se façonner une autorité intérieure forte. Il s’est écouté et a fait ce qui lui semblait juste, sans écouter les codes familiaux, sociétaux… Ce qui lui a permis de s’aligner avec ce qu’il est réellement.

Nous pouvons voir que ce que nous appelons « défaut », n’est qu’une face de la pièce. L’autre face apporte une qualité par compensation. Ce que nous appelons défaut est une vision erronée. Car le défaut n’existe que si une seule face de la pièce est vue.

Véronique qui vivait mal sa timidité prend conscience de sa qualité d’écoute. Elle revisite les scènes du passé et voit plus clairement de son talent. Elle a un tout autre regard sur elle-même, en prenant conscience de ce qu’elle apporte autour d’elle, de sa valeur.

Matéo, qui vivait mal le rejet de certaines personnes, prend conscience qu’en fait, il ose être lui-même. Et le fait qu’il ne soit pas dans la « référence culturelle » engendre la réaction des systèmes de défense des personnes de son entourage. Il n’est pas responsable des systèmes de défense des autres. Il réalise son autorité intérieure et son besoin d’avoir des relations. Il se rend compte que ses choix ont un retour, même s’il n’est pas responsable des réactions inconscientes de son entourage. Il est libre d’être souple ou non en fonction de ce qu’il souhaite vivre.

Nous pouvons donc lister nos défauts et regarder l’autre face de la pièce pour voir la qualité développée par compensation. Et ainsi, voir qu’il n’y a que des qualités.

Les faiblesses et les manques favorisent les relations humaines

Je ne construis pas ma maison, je ne produis pas l’électricité, la nourriture … que je consomme. Je ne fabrique pas mes vêtements … J’ai donc besoin des autres pour un certain nombre de choses. Que je le souhaite ou non, je suis interdépendant de l’environnement dans lequel je vis.

Mes manques font que je vais rentrer en lien avec le producteur de légumes, la caissière, le médecin, le mécanicien, le plombier, le psychologue, le vendeur de vêtements …

Les manques et les faiblesses sont le liant de l’humanité. Les manques sont comme la partition qui permet à chaque instrument de jouer ensemble, une symphonie.

Nous pouvons donc lister ce que nous appelons nos manques et nos faiblesses. Et identifier en quoi ceci permet de rentrer en lien avec les autres. Et réaliser en quoi nos manques et faiblesses ont de la valeur.

Nous sommes parfaits dans notre unicité

Notre histoire nous a façonnés de manière unique. Nos peurs et nos blessures sont le marteau et le burin de la vie. Elles servent à nous sculpter. Que ça soit dans un sens ou dans l’autre, il y a toujours une qualité, un talent :

  • Le désordre interdit, va permettre des qualités d’organisation
  • L’ordre réprimé, va permettre plus de créativité

 

Voir le diamant que nous sommes, plutôt que d’essayer d’être la personne que les autres veulent.

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

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