Résistance au changement

Qu’est-ce que la résistance au changement ?

Véronique est assistante au sein d’une entreprise de BTP. Elle subit des réflexions désobligeantes de la part de ses collègues. Malgré sa tentative de dialogue pour changer la situation, ses collègues continuent. Véronique a mis tous les moyens en œuvre à sa disposition et elle se sent démunie. Elle ne comprend pas pourquoi ses collègues font de la résistance au changement en s’entêtant à maintenir leur position.

 

Ici, la résistance au changement est définie comme le fait de garder la même position malgré un dialogue basé sur des faits.

 

D’où vient la résistance au changement ?

Une histoire de vie

Lorsque nous sommes enfants, nous avons besoin de nourriture affective afin de vivre. En effet, des expériences malheureuses ont montré que le manque de nourriture affective amène la mort de l’enfant (Voir l’expérience de Frédéric II).

Pour éviter de manquer d’amour, l’enfant s’adapte aux figures d’autorité afin de bénéficier de leur amour et survivre. Le jugement des parents est perçu par l’enfant comme une situation de non-amour et par conséquent un risque de mort. Si bien que l’inconscient fait tout pour éviter de vivre le jugement. Pour ça, il met deux stratégies principales en place :

  • Je m’adapte pour avoir l’amour pour éviter l’émotion de rejet
  • Je me coupe de l’émotion de rejet trop intense pour assurer la survie

 

Cette dernière stratégie de survie est importante, car elle est à la base de la résistance au changement. Cette stratégie est définie avec le cerveau émotionnel dont nous disposons avant 7 ans. Ce cerveau est immature et il ne peut pas concevoir la complexité et les conséquences inconfortables de ses stratégies.

En effet, pour éviter le rejet, l’inconscient se coupe de ce qui est perçu comme un jugement. Et le fait de se couper de l’autre pour éviter le rejet fait que l’autre n’est pas entendu. Ce qui engendre un rejet (En complement vous être libre de lire l’article Pourquoi le rejet est la clé d’accès à l’harmonie ?).

Nous pouvons voir qu’il s’agit d’une boucle mentale :

  • Pour éviter le rejet, je me coupe de l’autre
  • Le fait de me couper de l’autre engendre le rejet
  • Ce qui renforce la stratégie de se couper de l’autre

 

Véronique prend conscience que la résistance au changement de ses collègues vient du fait qu’ils veulent éviter le rejet. Et ainsi éviter de ressentir l’émotion douloureuse de séparation avec les parents lorsqu’ils ont été jugés dans leur enfance. Véronique prend conscience qu’il s’agit d’une stratégie de défense liée à une souffrance.

 

Une croyance limitante

Comme nous l’avons vu, la résistance au changement est en fait une résistance au jugement. Et pour être un peu plus précis, il s’agit d’une résistance à l’intrusion dans leur psyché.

En effet, lorsque l’enfant a été jugé par des figures d’autorité, il a été contraint de s’adapter pour avoir l’amour. Une part de son être a été niée pour assurer la survie. Ce qui fait que toute tentative de le changer est perçue comme une intrusion par l’inconscient. Ce qui bloquera toute information venant de l’extérieur afin de préserver son être.

Pour le dire autrement, toute tentative de changement est perçue comme une destruction de l’être. Ce qui engendre la croyance limitante suivante :

  • Si je me laisse changer, je laisse faire la destruction de mon être

 

Ceci vient de la croyance sous-jacente que le « Moi » est fixe. Or, il est en constant mouvement. À 5 ans, je ne suis pas la même personne qu’à 15 ans et à 25 ans. J’évolue avec l’âge. Ce qui veut dire que le « Moi » n’est pas fixe, mais en mouvement (En complement vous être libre de lire l’article Comment se libérer d’une croyance limitante ?).

 

Véronique réalise que la résistance au changement vient d‘un système de survie de l’inconscient. Elle comprend que la demande de changement faite à ses collègues était perçue comme une tentative de destruction de leur être. Ce qui engendrait des réactions et une résistance.

 

 

Une perception erronée du « Moi »

Cette croyance du « Moi » fixe vient du cerveau immature dont nous disposons avant 7 ans. Ce dernier n’est pas capable de percevoir la complexité et l’évolution du « Moi ». Ce cerveau a mis en place une stratégie pour défendre l’être en évitant toute intrusion. Or, ce cerveau immature est incapable de voir la différence entre le « Moi » et l’être.

En effet, malgré le fait qu’il y a une différence entre l’âge de 5 ans et de 25 ans, je reste toujours la même personne en fond. Il y a plus de connaissances, de compétences … Mais ce qui utilise ses compétences et ses connaissances est la même chose.

Prenons l’exemple de l’informatique pour illustrer ceci. Imaginons que notre « Moi » est comme l’ensemble des « applications » qui me permettent d’interagir avec mon environnement.

L’être est ce qui installe ces « applications ». Un peu comme celui qui installe et désinstalle des applications sur son téléphone. C’est l’être qui va permettre de « désinstaller » certaines habitudes et en installer de nouvelles. Ce qui peut engendrer des changements du « Moi » du type :

  • Je suis désordonné
  • Je suis ordonné

L’être est le même, mais le « Moi » change.

 

Si je ne perçois pas cette différence, je vais me définir comme désordonné. Et toute tentative de changement du « Moi » sera perçue comme une tentative de destruction de l’être. Le changement du « Moi » sera donc défendu ce qui engendre une résistance.

 

Véronique comprend qu’il y a une confusion entre le « Moi » et l’être. Elle n’avait jamais perçu cette différence. Et elle prend conscience que toute demande de changement auprès d’une personne qui ne perçoit pas la différence entre le « Moi » et l’être engendrera une résistance.

 

 

Accepter son impuissance face à la résistance au changement

Comme nous l’avons vu, s’il y a une stratégie inconsciente de survie de l’être, toute tentative de forcer le changement engendrera un renforcement du système de défense. La compréhension de l’origine de la résistance au changement permet de percevoir l’autre tel qu’il est et non comme il « devrait » être !

Ainsi, je peux agir avec la réalité de la situation et non réagir. Comprendre que je ne peux pas forcer le système de défense qui protège l’être, me permet percevoir mon impuissance. Et par conséquent, identifier ce qu’il est réellement possible face à la situation. La perception de mon impuissance me permettra de faire des choix clairs et d’être libre.

 

Véronique prend conscience qu’elle refusait que les personnes ne changent pas. Elle ne voulait pas accepter son impuissance dans cette situation ce qui faisait qu’elle était en tension. À la lumière de cette nouvelle compréhension, elle réalise qu’elle a le choix de rester ou de partir. Et que ce choix lui appartient. Véronique a bien conscience qu’elle a un besoin de sécurité ce qui fait qu’il y a une résistance au fait de partir. Et que ceci engendre une tentative de changer les autres pour répondre à son besoin de sécurité.

 

 

Prendre la responsabilité de son besoin

Une fois que je vois que je suis impuissant dans le fait de changer les autres, je peux prendre le temps de voir ce que je souhaite réellement. Bien identifier ses besoins, pour avoir une clarté dans mes choix et mes positionnements.

De plus, le fait de prendre la responsabilité de mes besoins fait que je vais parler en « je » et non en « tu ». Ce qui aura pour effet de ne pas tenter de changer l’autre, mais lui donner un choix et une responsabilité. En étant parfaitement aligné avec le fait que si l’autre ne veut pas changer, je dois prendre la responsabilité de ma vie et faire les choix en conséquence. Ceci afin de ne pas être prisonnier du changement de l’autre pour être heureux. Sinon, je mets mon bonheur dans les mains des autres.

Cette posture intérieure aura pour effet de ne pas chercher à « intruser » l’autre. Ce qui fait que la stratégie inconsciente de défense du « Moi » aura moins tendance à se mettre en route. La personne sentira qu’elle est libre d’agir comme elle le souhaite, mais qu’il y a des conséquences.

 

Véronique prend conscience que sa volonté de changer les autres ne faisait qu’activer leurs systèmes de défense. Elle réalise que le fait de prendre ses responsabilités lui permettra non seulement d’être plus libre sur ses choix et que ceci aura pour effet d’être mieux entendu dans ses demandes.

 

 

Il existe un curieux paradoxe qui fait que c’est au moment où je m’accepte tel que je suis que je deviens capable de changer. … nous ne saurions changer ni nous écarter de ce que nous sommes tant que nous n’acceptons pas profondément ce que nous sommes. C’est alors que le changement se produit, presque à notre insu. – Carl Rogers

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

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