Maux

Qu’est-ce que les mots ?

Un mot est l’expression d’un concept qui pointe vers une sensation. Par exemple, le mot « brûlure »  pointe vers une sensation. Or, je ne sais pas si ma sensation de brûlure est la même qu’une autre personne.

Même si nous utilisons le même mot, nous sommes tous deux dans notre monde sensoriel. Je n’ai pas les moyens de connaitre son vécu, son expérience. Il est donc possible d’avoir deux sensations différentes derrière un même mot. Les mots que j’utilise pour décrire mon expérience sensorielle vont pointer chez lui une expérience sensorielle qui lui est propre.

Les mots sont comme des fenêtres pour échanger sur mon expérience sensorielle, sans jamais savoir ce que vit l’autre.  Je suis donc constamment dans MON monde sensoriel, même quand je pense comprendre l’expérience d’une autre personne.

C’est-à-dire que je comprends l’autre à partir de mon monde sensoriel. À partir de ce que je suis. Il n’y a pas LA réalité, mais MA réalité. Si bien qu’une autre personne perçue est représentée à partir de mon monde. Il n’y a pas vraiment d’extérieur.

 

Je ne fais qu’exprimer ma perception à travers des mots. Je ne parle jamais de l’extérieur, mais j’utilise des mots pour exprimer ce qui se passe à l’intérieur.

  • Quand je dis que le chocolat est bon, je parle de l’expérience que j’ai quand je goûte le chocolat. Je parle de moi.
  • Quand je dis que quelqu’un est sympa, je ne fais que parler de mes sensations en présence de cette personne.

Les mots ne peuvent donc pas définir LA réalité. Mais, ils sont un moyen pour partager ma réalité, à travers la réalité de l’autre.

 

 

Pourquoi les mots engendrent-ils des maux ?

Si je crois qu’un mot définit LA réalité, je me déconnecte de mon monde sensoriel. Je me coupe de mes sensations, de la vie qui coule en moi.

  • Si pour une personne « aimer » signifie un type de comportement et pour une autre, un autre type de comportement, il naît des maux.

 

Croire qu’il y a UNE chose derrière un mot, c’est se couper de sa réalité. Donc, se couper de soi ! Si je ne suis pas en lien avec moi, comment pourrais-je être en lien avec l’autre ?

Un mot n’a pas de sens en tant que tel, mais est un pointeur vers ce qui vit en moi, mes sensations. C’est pour cette raison que la communication verbale est estimé à seulement 7%. La communication avec l’autre se situe au-delà des mots. Au niveau de la sensation, du vécu.

C’est la croyance que je détiens la vérité avec des concepts, va engendrer un conflit et me fera vivre des maux. Ces maux sont le reflet de la coupure de la vie qui coule en soi. Les maux sont le reflet de la coupure de soi.

 

 

 

D’où vient cette coupure de soi ?

Lorsque nous sommes enfants, nous sommes pleinement dépendants de nos parents. Nous avons besoin de nourriture affective pour survivre (Expérience de Frédéric II) , ainsi que de sécurité matérielle. Notre inconscient fait tout ce qui est en son pouvoir, pour se conformer à cette référence d’autorité.

Si les parents ne savent pas accueillir les émotions en eux, ils vont vouloir changer l’extérieur pour ne pas ressentir d’émotion désagréable. Dans ce cas, les mots ne seront pas utilisés pour exprimer ce qui est vécu à l’intérieur, mais pour incriminer l’extérieur.

Les mots sont devenus un moyen de justifier, pour éviter de ressentir l’émotion. Pour fuir la sensation désagréable en pensant, justifiant.

 

Je pense, car je panse.

 

C’est le moyen qui m’a été inculqué, que les figures d’autorité utilisaient pour justifier le fait que je devais être autrement. Parce qu’ils n’avaient pas les moyens de vivre l’émotion. J’ai donc appris, à ne pas ressentir cette émotion, car ce n’était pas accepté.

Et j’ai appris à utiliser les mots pour éviter de ressentir. Et n’ayant pas été autorisé à vivre certaines émotions, je n’y avais pas accès.

Mon inconscient à donc utilisé les mots, la justification, l’argumentation pour fuir l’émotion. Et non pour partager une émotion, comme la langue le permet. A la place de nous unir, les mots ont fini par créer des maux.

La non-expression de nos maux avec les mots engendre des maux avec les mots.

 

 

 

Comment se libérer des maux créés par les mots ?

Les mots sont comme un moyen de transport

Imaginons deux fourgons blindés utilisés par les banques :

  • Le premier fourgon est tout neuf et transporte du foin.
  • Le deuxième fourgon est abîmé et transporte de l’or.

 

Juger une personne parce qu’elle n’utilise pas le bon mot, ou qu’elle fait des fautes de grammaire ou d’orthographe. C’est faire attention au fourgon.

  • L’importance est mise sur le moyen, et ce qui est récolté est du foin 🙂

Écouter ce que la personne transmet comme message, comme sensation. C’est faire attention à ce qui est transporté.

  • L’importance est mise sur le message contenu et ce qui est récolté est de l’or.

 

Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt.  – Confucius

 

Pour me libérer des maux, je me focalise sur le vécu exprimé. Sur la sensation exprimée par l’autre. Et sur mes sensations. J’écoute ce qui est transporté par les mots.

 

 

Accueillir l’enfant en soi

Quand je pars dans les concepts, c’est qu’il y a une sensation qui a été interdite par mon inconscient pour ma survie. C’est ce que j’appelle un enfant protecteur.

Cette protection inconsciente a pour objectif de fuir une sensation, qui a été perçue comme dangereuse. Celle-ci n’a pas été acceptée par les figures d’autorité (parents, maître d’école …)

Pour ça, il y a différentes approches. En voici quelques-unes:

 

 

Cessez de vouloir avoir raison

Histoire de 6 aveugles et un éléphant 

Une fois, six aveugles vivaient dans un village. Un jour, ses habitants leur dirent  »  Hé ! il y a un éléphant dans le village, aujourd’hui  ! »

 

Ils n’avaient aucune idée de ce qu’était un éléphant. Ils décidèrent que, même s’ils n’étaient pas capables de le voir, ils allaient essayer de le sentir. Tous allèrent donc là où l’éléphant se trouvait et chacun le toucha :

 

 »  Hé ! L’éléphant est un pilier  » dit le premier, en touchant sa jambe.

 »  Oh, non ! C’est comme une corde, dit le second, en touchant sa queue.

 »  Oh, non ! C’est comme la branche épaisse d’un arbre  » dit le troisième, en touchant sa trompe.

 »  C’est comme un grand éventail  » dit le quatrième, en touchant son oreille.

 »  C’est comme un mur énorme  » dit le cinquième, en touchant son ventre.

 »  C’est comme une grosse pipe  » dit le sixième, en touchant sa défense.

 

Ils commençaient à discuter, chacun d’eux insistait sur ce qu’il croyait exact. Ils semblaient ne pas s’entendre, lorsqu’un sage, qui passait par-là, les vit. Il s’arrêta et leur demanda. » De quoi s’agit-il ?

 

 » Ils dirent « Nous ne pouvons pas nous mettre d’accord pour dire à quoi ressemble l’éléphant ». Chacun d’eux dit ce qu’il pensait à ce sujet.

 

Le sage leur expliqua, calmement « Vous avez tous dit vrai. La raison pour laquelle ce que chacun de vous affirme est différent, c’est parce que chacun a touché une partie différente de l’animal. Oui, l’éléphant a réellement les traits que vous avez tous décrits. »

 

 » Oh !  » dit chacun. Il n’y eut plus de discussion entre eux et ils furent tous heureux d’avoir dit la réalité.

 

Chacun exprime sa vérité et non LA vérité. Si j’écoute la vérité de chacun, j’en serai un peu plus sur l’éléphant. 😉

Chercher à avoir raison c’est fuir une émotion en moi. C’est me couper de ce qui vit en moi.

 

 

Un concept est un refuge – Tejo

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

 

 

 

 

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