Qu’est-ce qu’une croyance limitante
Antoine est employé au sein d’une banque. Il s’ennuie dans son emploi et souhaiterait idéalement changer. Or, il pense que c’est la crise et qu’il n’a pas d’autres choix que de rester. Il croit qu’il est victime de la situation. Ce qui engendre un sentiment d’impuissance très inconfortable.
Ici, une croyance limitante est définie comme une croyance qui empêche l’action et génère une émotion désagréable.
D’où vient une croyance limitante
Lorsque Antoine était enfant, il avait des parents très prévenants. Ils devançaient ses éventuels besoins. Ils lui donnaient ce qu’il voulait, en voulant éviter qu’Antoine subisse des frustrations. Antoine n’a pas été accompagné dans l’intégration de l’émotion de frustration. Cette émotion ne pouvait pas être vécu par ses parents. L’inconscient d’Antoine l’a bien compris et il a enregistré qu’exprimer cette émotion engendrait un rejet de ses parents. Cette situation de non-amour est perçue par l’inconscient comme dangereuse, comme un risque de mort (Pour aller plus loin lire l’article « En quoi le juge intérieur est un enfant protecteur » et voir l’expérience de Frédéric II). L’inconscient cherchera à éviter toute situation qui engendre une frustration, pour éviter de vivre cette émotion et rester en vie. Ce qui a pour conséquence qu’adulte, Antoine a des difficultés à vivre la frustration.
Comme nous pouvons le voir avec l’histoire d’Antoine, l’émotion de frustration est difficile à vivre. Il y a donc une tentative d’évitement de cette émotion. Avec des pensées du type :
- Ce n’est pas normal !
- Ce n’est pas juste !
- Je n’ai pas le choix !
- …
Antoine ne voit pas qu’il fait le choix entre :
- Vivre une émotion désagréable de frustration
- Rester dans une situation d’inconfort qui engendre une émotion désagréable.
Il n’a pas d’autre choix que de vivre un moment d’inconfort. Et vu qu’il cherche à éviter cette situation, il choisit inconsciemment de vivre l’émotion la moins intense.
Une croyance limitante vient d’un choix inconscient. Celui de vivre l’émotion la plus confortable. Même si ce choix se répète de nombreuses fois, l’inconscient choisit toujours l’évitement de la situation. Le choix réalisé à court terme à des conséquences à long terme.
Or la partie du cerveau qui contient la stratégie d’évitement de la frustration à moins de 7 ans. Et cette partie du cerveau ne peut pas percevoir la complexité. Et ne peut voir que ce choix répété du court terme engendrera plus de désagrément à long terme.
Changer d’emploi demande un effort. Chercher un nouvel employeur avec le risque de la période d’essai. Qui, si elle est rompue, m’obligerait à chercher de nouveau. Si ça ne se passe pas comme je veux, je vais devoir faire face à une émotion de frustration.
Ou alors, changer complètement de voie signifie que je dois me former à autre chose. Ceci nécessite un effort, donc une émotion de frustration.
Antoine réalise qu’il a des difficultés à vivre l’émotion de frustration. Il voit qu’il a le choix et qu’en même temps, les efforts demandés pour changer de situation sont au-dessus de ses moyens. Il souhaiterait savoir comment dépasser cette limite.
Une croyance limitante est un système de défense inconscient construit pour éviter une émotion douloureuse dans l’enfance.
Comment se libérer d’une croyance limitante
En passant par l’intellect
Pour dépasser la croyance limitante, une des approches consiste à imaginer la pire des situations et ressentir ce qui se passe. L’objet étant de montrer à l’inconscient que je ne vais pas mourir. Sans danger réel, l’inconscient n’a plus besoin de système de défense. Il est possible de pousser l’investigation avec la question :
- Dans cette situation, est-ce que je vais mourir ?
Antoine imagine qu’il a des entretiens pour un nouvel emploi et qu’il n’est pas pris. Il sent dans son corps une sensation désagréable. Et en même temps, il réalise qu’il n’est pas mort. Il reste avec la sensation pour voir s’il va mourir ou non. Il voit qu’il y a des pensées qui visent à éviter cette sensation. Face à ces pensées, il reste avec la question « Vais-je mourir ? ». Au fur et à mesure de son investigation, Antoine sent un apaisement intérieur.
En passant par le corps
Comme nous l’avons vu, la croyance limitante est un système de défense inconscient qui cherche à éviter une émotion perçue comme dangereuse. Un des moyens pour dépasser la limite est de traverser cette émotion.
Pour ceci, il faut utiliser une des limites du cerveau limbique qui contient les croyances limitantes. Cette partie du cerveau ne peut se focaliser que sur 5 éléments maximum en même temps. Par exemple, je peux me focaliser en même temps sur :
- Mes pieds dans mes chaussures
- Mes cuisses sur la chaise
- Mes mains sur mes jambes
- Mes épaules
- Ma respiration
En étant focalisé sur tous ses points un même temps, le cerveau limbique est saturé. Il ne peut pas prendre de nouvelle information. Ce qui fait que les pensées n’ont plus « d’espace mémoire ». Ça a pour effet de débrancher la machine à blabla.
Une fois la machine à blabla coupée, je reste focalisé sur mes 5 points cités plus haut. Et en même temps, je pense à la situation qui n’est pas « possible » et je ressens la sensation générée dans le corps. Je reste avec cette sensation et les 5 points précités. Si la machine à blabla revient, je recommence avec les pieds, les mains … puis la sensation qui n’est pas « possible ». Jusqu’à ce que l’émotion soit traversée.
Ceci a pour effet de faire tomber le système de défense, car il n’a plus lieu d’être si le danger n’est plus là.
Antoine imagine qu’il a trouvé un emploi et que sa période d’essai est rompue. Il se retrouve sans emploi. Antoine ressent une sensation désagréable dans le corps, avec le lot de pensées qui vont avec. Il se focalise sur 5 points et s’aperçoit que la machine à blabla s’est arrêtée. Et ensuite, il ajoute la sensation désagréable de la rupture de la période d’essai. Il a plusieurs allers-retours avec la machine à blabla. Et il finit par imaginer la situation tout en étant confortable au niveau émotionnel. Il prend conscience qu’il envisage même des solutions face à cette situation.
En vivant ce qui est interdit
Une autre approche consiste à faire ce qui est perçu comme impossible. Cette approche demande une certaine énergie et de la motivation. Car il faut se relever à chaque difficulté. En allant dans la difficulté, nous apprenons à chaque fois ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné.
« Vous voulez augmenter votre taux de réussite? Doublez votre taux d’échec » – Thomas. J. Watson, fondateur d’IBM
Pour rester motivé avec cette approche, il faut être clair sur notre objectif :
- Pourquoi ferais-je autant d’effort ?
- Qu’est-ce que je veux vraiment vivre ?
- Quelle vie je souhaite me construire ?
Antoine réalise qu’il ne veut pas réellement de cette vie, enfermé dans un emploi qui ne lui apporte aucune joie. Il décide d’écrire la vie qu’il souhaiterait avoir. Et ayant conscience qu’il manque de motivation, il cherche un accompagnant pour le soutenir dans sa démarche.
« N’est pas limité celui qui est conscient de ses propres limites. » – Valeriu Butulescu.
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être
Rétroliens/Pings