Qu’est-ce que le conditionnement des parents
Sylvie est employée au sein d’une grosse banque. Elle n’est pas épanouie dans son emploi. Or, ses parents lui disent qu’elle a une bonne place, qu’elle est bien rémunérée. Qu’elle a tout pour être heureuse. Qu’elle n’a pas de quoi se plaindre ! Ses parents lui expliquent que la vie n’est pas un jeu, qu’il faut bien gagner sa vie. Sylvie a envie de quitter son emploi pour trouver quelque chose qui lui convient plus.
Or, elle fait face à tous les jugements familiaux et de son entourage. Elle ne trouve pas de soutien. Si, elle quitte son emploi et qu’elle rencontre des difficultés, elle entendra des « Je te l’avais dit ! » « Il faut redescendre sur Terre », … Sylvie sent à la fois un malaise dans son emploi actuel, et en même temps, elle se sent obligée de rester dans cette situation. Elle ressent comme un ENFER-ME-MENT.
Ici, le conditionnement est défini comme une tension venant de règles à suivre, qui nous a été inculquée dans notre enfance.
D’où viennent les conditionnements qui nous font souffrir ?
Les parents veulent souvent ce qu’il y a de mieux pour nous. Ce « mieux », est selon leur perception de la réalité. Ils souhaitent nous protéger au mieux qu’ils peuvent. Pour ça, ils nous apportent des solutions, parfois même avant qu’on ait formulé une demande.
Ils n’ont pas conscience qu’ils apportent les solutions par rapport à leurs problèmes, face à leur perception de la réalité. C’est-à-dire qu’ils nous transmettent leurs problèmes, leurs blessures, alors que leur intention est tout l’inverse !
Les parents de Sylvie souhaitaient qu’elle soit heureuse. Qu’elle ne manque pas d’argent comme eux. Ils l’ont donc poussé à faire des études pour « réussir » dans la vie. Pour être « à l’abri du besoin ». Ils étaient tellement focalisés sur leur peur du manque, qu’ils n’ont pas pu voir que ce n’était pas ce qui faisait vibrer Sylvie. Ses parents étaient focalisés sur le fait « d’éviter » une situation désagréable. Et non, aller vers ce qui est agréable, ce qui me fait vibrer.
En mettant leur attention sur la situation à éviter, le manque d’argent et surtout ce qui est derrière, l’insécurité ! En voulant préserver Sylvie de l’insécurité, ils lui ont inculqué l’insécurité et en même temps, leur solution : avoir une bonne situation professionnelle !
La peur nous empêche d’accéder à toutes nos capacités d’analyse. Ce qui fait que les stratégies définies par la peur sont simples et n’ont qu’une vision réduite de la réalité. Analyser avec la peur, c’est comme rouler à 300 km/h en voiture. Ça défile tellement vite, qu’il est très difficile de voir ce qu’il y a autour de soi.
Ce qui fait que même avec une intention bienveillante, nous n’avons pas suffisamment de clarté pour répondre au mieux aux besoins de l’enfant. Les conditionnements sont les peurs de nos figures d’autorité.
Transmission transgénérationnelle des conditionnements
À noter que mes parents ont reçu une certaine éducation avec leurs conditionnements. J’ai donc dans mon inconscient, des schémas qui se répètent de génération en génération, dans ma lignée transgénérationnelle.
Imaginons que l’enfant soit une petite fleur en train de pousser. Pour la protéger, les parents mettent une cloche opaque, afin qu’elle soit préservée des dangers éventuels (pluie trop forte, soleil trop brûlant, être mangé ou écrasé par un animal …). Cette petite fleur ne voit pas la lumière et n’a pas assez d’eau, elle ne peut pas grandir ! Cette petite fleur est notre vrai moi !
Maintenant, chaque parent a reçu les peurs de ses parents, ils ont donc été élevés sous cloche eux aussi. De manière imagée, la petite fleur à donc les cloches de chacun de ses parents. Qui incluent les cloches des grands-parents, des arrières grands-parents …
Sylvie réalise qu’elle porte les peurs de sa lignée transgénérationnelle. Que ces peurs ont été apprises, qu’elles correspondent à la perception de la réalité de la lignée et non la réalité. Ces peurs ne lui appartiennent pas. En même temps, elle se demande pourquoi elle a pris toutes ses croyances limitantes. Et pourquoi n’arrive-t-elle pas à s’en libérer.
Qu’est-ce qui fait que je laisse entrer ses conditionnements dans mon inconscient ?
Lorsque nos sommes bébé, nous avons besoin de nourriture affective. Sans celle-ci nous serions morts ! (voir expérience de Frédéric II). Pour assurer notre survie, notre inconscient met en place des stratégies pour que nous soyons « conformes » aux attentes de nos parents. Et ainsi, avoir la nourriture affective indispensable à notre survie !
Ainsi, l’inconscient enregistre ce qui permet d’avoir l’amour ou non (Pour aller plus loin, lire l’article « En quoi le juge intérieur est un enfant protecteur« ).
Pourquoi je n’arrive pas à me libérer des schémas de mes parents
Croyance : je suis responsable du bonheur de mes enfants
Une croyance courante des parents est « je suis responsable du bonheur de mon enfant ». Ils croient avoir la possibilité de rendre leur enfant heureux. Or, ils n’ont pas le pouvoir sur les émotions de l’enfant, seulement sur le contexte, l’extérieur. Ils peuvent seulement créer un contexte favorable (Contexte affectif et matériel).
Il convient donc d’avoir de la clarté sur LES LIMITES du rôle de parent, pour qu’inconsciemment, je ne reste pas un enfant dépendant d’une figure d’autorité (parent, patron, manager, politique …). De bien comprendre la responsabilité des parents :
- Ils peuvent agir sur le contexte affectif et matériel.
- L’enfant vit sa vie dans ce contexte. (Les parents n’ont pas la main sur les événements qui peuvent arriver)
- Si l’enfant vit une situation désagréable, les parents agissent au mieux. En faisant évoluer le contexte si nécessaire.
Par exemple, si un bébé a des coliques et qu’il pleure, les parents n’ont pas le pouvoir d’empêcher l’émotion qu’il exprime. Ils peuvent seulement faire ce qui est en leur pouvoir pour les soulager. Mais dans l’instant, quand le bébé pleure, je suis face à mon impuissance en tant que parent. Si je crois que je suis responsable de ce qu’il vit, je ne vais pas accepter cette impuissance. Si j’ai cette croyance, je vais culpabiliser, face à mon « incompétence » de parent.
Pour éviter l’inconfort de cette impuissance et de cette culpabilité, je vais donc tout faire pour « soulager » le bébé. Même si inconsciemment, il s’agit d’éviter de ressentir mon émotion d’impuissance et non « d’être présent » avec le bébé. Ma croyance en ma toute-puissance sur les émotions de l’enfant fait que je souhaite aller là où je n’ai pas la main, son intériorité !
Ce qui va engendrer une logique de pouvoir sur l’enfant ! Pour éviter cette situation « qui ne devrait pas être », je vais investir la psyché de l’enfant. Inconsciemment, pour éviter de vivre mon émotion d’impuissance, je vais vouloir « empêcher » l’émotion vécue par l’enfant, pour son bien. La logique inconsciente est : s’il n’a plus cette émotion, c’est qu’il est bien.
Si je suis attaché à la croyance : « les parents sont responsables du bonheur de leur enfant », je vais donc maintenir tout ce qui valide cette croyance. C’est-à-dire, que je vais maintenir les schémas inconscients que mes parents m’ont transmis avec cette croyance !
Sylvie réalise qu’elle avait la croyance que les parents étaient responsables de l’état émotionnel de leur enfant. Elle jugeait certains parents, quand leur enfant était dans un état émotionnel qu’elle « jugeait mauvais ». Elle comprend que cette croyance l’enferme dans les conditionnements familiaux. Qu’en réalité, elle s’enferme toute seule, en maintenant cette croyance. Et par conséquent, qu’elle a le pouvoir de se libérer !
Les juges intérieurs qui répriment l’être
Lorsque les parents veulent « contrôler » l’état émotionnel de l’enfant, ce dernier perçoit cette tentative comme un interdit. Étant un cœur ouvert, il comprend qu’il n’a pas le droit d’être ce qu’il est. Qu’il y a des émotions, des comportements qui ne doivent pas être exprimés. Qu’il doit les réprimer pour avoir la nourriture affective et la sécurité nécessaire à sa survie. Ce n’est pas l’intention des parents, ils souhaitent son bien, selon leur perception de ce qui est « bien ».
Toutes ses répressions d’émotions, de comportements, créent ce que j’appelle « un enfant protecteur ». Chaque enfant protecteur est un petit juge dans l’inconscient. Ce juge représente la figure d’autorité qui a réprimé une émotion ou un comportement.
Les enfants protecteurs ont peur de vivre l’émotion interdite. C’est pour cette raison qu’ils parlent si fort dans notre tête. Du fait de leur intensité, c’est eux que nous entendons le plus, et donc c’est eux que nous écoutons. Les enfants protecteurs sont l’énergie de répression des figures d’autorité qui ont investi notre psyché (la cloche censée protéger la fleur).
Lorsque la machine à blabla se met en route, pour une colère, une inquiétude … Je crois que c’est Moi qui pense. Or, ce n’est pas vraiment Moi. Il s’agit de l’énergie des figures d’autorité. Mon MOI se trouve atrophié sous ces énergies de répression. Et je finis par écouter ses petits juges, enregistrés par l’inconscient pour ma survie. Ce qui réprime mon être.
Je finis par passer à côté de qui je suis vraiment, sans m’en rendre compte. Mon attention est focalisée sur les voix de ses juges répressifs, plutôt que sur l’être que je suis, ma petite voix intérieure (Article « Comment identifier sa petite voix intérieure« ). Je vis donc l’ENFER-ME-MENT.
Sylvie prend conscience qu’elle a de nombreux juges qui s’expriment dans sa tête. Avec parfois des conflits entre eux. Ses juges sont comme ses parents à l’intérieur d’elle. Cette prise de conscience lui permet de prendre une distance par rapport à ces « voix ».
La puissance des conditionnements vient de l’attention que je donne aux juges intérieures.
Croyance que je peux manquer d’amour
Si les juges ont autant de force, c’est qu’ils font tout pour qu’on ait l’amour. Et vu qu’il pense que c’est à l’extérieur, ils vont tout faire pour qu’on se conforme au « bon comportement ». C’est une question de survie !
Si les juges intérieurs ont cette force, c’est que j’ai perdu de vu que j’ai une source d’amour illimitée en moi. Si nous aimons des personnes, des animaux, des activités ou autre, c’est que nous avons une source d’amour en soi. Nous pouvons puiser directement à cette source intérieure pour nous même !
Or l’attention n’est pas dirigée vers cette source, mais vers les petits juges intérieurs. Je crois les petits juges intérieurs qui me disent que je dois avoir le « bon comportement » pour être aimé par l’extérieur et survivre. Ce qui engendre cette sensation d’ENFER-ME-MENT.
Or, il n’y a pas de réel enfer, car en fonction de l’endroit où je pose mon attention, je vis l’ENFER ou la paix. Je dois maintenir mon attention vers les juges intérieurs pour que cet enfer existe. Si je ne crois pas les juges qui me disent que je peux manquer d’amour. Si je vois qu’ils mentent, je vois que l’enfer me ment !
Sylvie qui aime les chatons réalise qu’il lui suffit de penser aux chatons pour se connecter à la source d’amour en elle. Maintenant, elle ressent plus clairement les voix des juges et l’espace d’amour en elle.
Comment se libérer des conditionnements des parents
Se libérer de la croyance « les parents sont responsables du bonheur des enfants »
C’est comme si les parents portaient constamment leur enfant qui apprend à marcher pour éviter qu’il tombe. Il ne marchera pas ! Oui, mais il n’aura pas mal ! Est-ce vraiment ce que je souhaite ?
Avoir un enfant qui ne sait pas marcher, qui est dépendant de moi. Car je n’ai pas pu vivre l’émotion liée au fait qu’il tombe, qu’il vive des situations désagréables. Qui ai-je servi dans cette histoire ?
Pour éviter cette situation, il faut intégrer l’émotion d’impuissance, la vivre. Pour éviter de toujours anticiper l’avenir de l’enfant et l’enfermer dans nos peurs.
Sylvie réalise qu’elle avait cette habitude de toujours anticiper la vie des autres, pour éviter qu’il leur arrive des problèmes. Elle comprend qu’elle faisait ça pour éviter de ressentir une émotion désagréable. Qu’elle se servait elle-même. Et comprend que si elle autorise cette façon de faire, le revers de la médaille, c’est qu’elle autorisera les autres à « penser à sa place » !
Pour se libérer, elle revisite les situations où elle agit de cette manière. Pour ressentir l’émotion et la traverser.
Mettre l’attention sur la source d’amour en Soi
Pour ça, il suffit de prendre quelque chose qui m’ouvre le cœur (bébé, chaton, chiot …).Prendre conscience, que si je pose mon attention dessus, 5 secondes, 30 secondes, 1 minute … J’ai toujours accès à cette source en moi. Elle est illimitée.
Pour que ça devienne une habitude, je dois m’entraîner. 1 à 3 minutes, 5 à 10 fois par jours. Un peu comme le marathon, plus je m’entraîne, plus je deviens endurant dans cet espace. Et plus il est facile et rapide d’y accéder en cas de tempête émotionnelle.
Sylvie planifie son entrainement de 1 minute à des moments de sa journée : brossage de dents, douche, petit déjeuner, transport en commun, déjeuner, transport en commun …
Respectueux et non loyal
Si je suis loyal, je garde tous les conditionnements de ma lignée. Y comprit, les conditionnements destructeurs ! Si je suis respectueux et je fais le tri par rapport à ce qui me convient. Je garde ce que je juge bon pour moi seulement. Je laisse le reste. De plus, en agissant ainsi, je montre à ma lignée qu’ils ont le droit d’être libres. De choisir ce qui leur convient. Et si j’ai des enfants, je leur montre qu’ils peuvent eux aussi être libres.
Sylvie prend conscience que le fait de laisser des conditionnements permet d’aider les membres de sa famille indirectement. Ceci lui donne du sens et beaucoup plus de force, pour sortir du « cadre ».
Comme un jardin, grandit en moi ce que j’arrose. Je mets l’attention sur les voix des juges ou sur mon espace de paix ?
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être