Méchant

Qu’est-ce qu’un « méchant »

Véronique est très en colère contre son responsable Hubert. Elle lui reproche de ne pas écouter ses collaborateurs. Elle trouve Hubert méchant, car il est trop autoritaire. Véronique ne le supporte pas. Elle est exaspérée et elle est rejointe par de nombreux collègues.

 

Ici, le « méchant » est défini comme une personne qui impose sa vision sans tenir compte des besoins des autres.

 

D’où vient le méchant ?

Un non-accueil dans l’enfance

Lorsque Véronique était enfant, elle devait être « gentille ». C’est-à-dire, qu’elle devait se conformer à la vision de ses parents de « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas ». Dans le cas contraire, elle était réprimandée. Lorsque Véronique était agitée, en colère ou faisait preuve d’une intensité que ses parents ne pouvaient accueillir, ils lui demandaient d’arrêter. Soit en faisant preuve de force, soit en lui disant qu’elle n’était pas « gentille ». Ce type de situation était perçu comme un rejet par Véronique. Ce qui est perçu comme un danger de mort par l’inconscient de Véronique (Voir l’expérience de Frédéric II). Pour assurer la survie de Véronique, son inconscient a mis en place un enfant protecteur qui assure le respect des règles parentales.

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Véronique, ses parents ne pouvaient pas accueillir tous ses comportements. Ceci générait chez eux une tension et ils n’avaient pas les moyens de les vivre. Pour éviter d’être en contact avec ce « ressenti désagréable », ils agissaient sur l’élément déclencheur qu’était Véronique. Ceci en lui imposant de stopper son expression. Ce qui a pour effet de stopper aussi l’affirmation de soi.

Pour l’enfant, ce n’est pas les parents qui ne savent pas gérer leurs émotions, mais c’est lui qui n’est pas aimable. C’est lui qui est méchant.

 

Le méchant est le reflet d’une émotion qui n’a pas pu être accueilli dans l’enfance.

 

La croyance en le méchant vient de la non-responsabilité des adultes par rapport à l’intensité des enfants.

 

À la lumière de ses explications, Véronique prend conscience que la notion de méchanceté lui a été inculquée. Et qu’être jugé de « méchant » vient du fait que celui qui juge, ne prend pas la responsabilité de ses émotions.

 

 

La projection de mes interdits inconscients

Lorsque j’ai la croyance inconsciente qu’il y a des comportements « mauvais », car jugé par les adultes dans mon enfance, je crois que si j’ai ce type de comportement je suis méchant. Étant donné que c’est inconscient, je ne vois pas que c’est une croyance. Je le vis comme « LA Vérité« .

 

En découlent des pensées du type :

  • Ça ne se fait pas !
  • Il est méchant !
  • Il abuse !
  • Ce type de comportement est inacceptable !
  • C’est injuste !

 

Tout comportement interdit chez moi engendre une réaction quand :

  • J’ai ce type de comportement
  • Une personne a ce type de comportement

 

Véronique prend conscience que le comportement « ne pas prendre en compte les autres » est interdit chez elle. Elle comprend que lorsque son responsable a ce type de comportement, ceci engendre une réaction due à son interdit. Et c’est la raison pour laquelle elle le juge de « méchant ». Véronique prend conscience qu’elle a le même mode de fonctionnement de ses parents. Elle voit un comportement qui est interdit chez l’autre et ceci génère une réaction émotionnelle qui est désagréable. Elle cherche alors à supprimer l’élément déclencheur pour éviter de ressentir cette sensation inconfortable.

 

 

Comment se libérer des « méchants »

Prendre conscience qu’il n’y a pas de méchant

Comme nous l’avons vu avec l’histoire de Véronique, « le méchant » est le reflet d’un comportement interdit. Il s’agit d’une réaction émotionnelle venant d’une protection inconsciente d’un enfant protecteur. Ce dernier rejoue l’interdit des figures d’autorité afin d’avoir la nourriture affective nécessaire à la survie. L’enfant protecteur a peur de mourir, c’est la raison pour laquelle il réagit de manière si virulente. L’enfant protecteur inconscient cherche à détruire le comportement interdit pour assurer la survie.

 

Pour me libérer des méchants, je dois prendre conscience qu’il n’y a pas de méchant, mais des réactions inconscientes face à mes comportements interdits.

 

Véronique réalise que « ne pas écouter les autres » était interdit chez elle. Elle voit que ceci vient du fait qu’elle devait écouter ses parents et non elle pour avoir la nourriture affective nécessaire à sa survie.

 

 

Prendre conscience qu’il n’y a pas de « mauvais » comportements

Nous sommes nombreux à avoir des comportements jugés « mauvais » et d’autres « bons ». À titre d’exemple, « mentir » était jugé comme un « mauvais » comportement. Or, des personnes ont menti pendant la guerre pour sauver des enfants juifs. Heureusement pour ces enfants que mentir était autorisé !

Il en est de même pour les résistants qui ont tué des SS pendant la guerre pour préserver de nombreuses vies humaines. Tuer peut être jugé « mauvais », or dans certaines situations, tuer sauve des vies.

Par ces exemples, nous pouvons voir qu’il n’y a pas de comportements « bon » ou « mauvais ». Il s’agit plus de l’usage de ces comportements. Et à mon sens, il s’agit plus de regarder l’intention qui sous-tend le comportement.

 

Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt. – Confucius

 

Je regarde mon intention et non mon comportement. Quand je mets de la clarté sur mes intentions, je peux agir plus librement, sans me juger « méchant ».

 

Véronique prend conscience que le comportement qu’elle reproche à son responsable n’est pas « mauvais ». Et elle réalise qu’elle cherchait à détruire ce comportement pour vivre l’harmonie. Elle se rend compte que sa stratégie dessert son intention.

 

 

En me réappropriant les comportements interdits chez moi

Si je vois un « méchant », c’est que j’ai un comportement interdit chez moi. Je vais pouvoir profiter de cette mise en lumière pour me réapproprier ce comportement. Pour ce faire, je suis les étapes suivantes :

 

J’identifie ce qui est interdit chez moi

Dans le cas de Véronique, c’est le fait de « ne pas écouter les autres » qui la fait réagir. Il s’agit donc du comportement interdit. Ceci génère aussi un comportement « obligatoire » : écouter les autres. Et ce, quelle que soit la situation.

 

Véronique prend conscience qu’elle se sent « obligée » d’écouter les autres. Elle s’aperçoit que si elle s’écoute, elle ne peut pas écouter les autres.

 

 

J’identifie le comportement que je dois me réapproprier

Quand je vois ce qui est interdit chez moi, j’identifie ce que l’autre s’autorise à faire. Ce qui me permet de voir le comportement que je dois me réapproprier.

 

En identifiant son comportement interdit « ne pas écouter les autres », Véronique réalise qu’elle n’a pas le droit de s’écouter, de penser à soi. Et c’est ce que fait son responsable. Elle réalise qu’elle doit se réapproprier le fait de s’écouter, de penser à soi !

 

 

Identifier en quoi le comportement interdit peut servir mon intérêt et celui des autres

Un comportement est interdit par l’inconscient pour avoir l’amour des parents. Et avoir la nourriture affective nécessaire à la survie. Ce qui est enregistré par l’inconscient c’est que le comportement ne peut pas servir les autres, vu l’expérience qui en a été faite durant l’enfance. Si je ne peux pas servir les autres, je vais être rejeté constamment et finir seul. C’est le danger que l’inconscient veut éviter.

L’inconscient en déduit qu’il n’est pas possible que ce comportement me serve et qu’il serve en même temps les autres. Ceci est dû à l’immaturité du cerveau de l’enfant qui est incapable de concevoir la complexité.

Or, à l’âge adulte, il est possible d’appréhender la complexité. Voir clairement qu’un comportement interdit peut me servir et servir les autres en même temps, fait évoluer l’inconscient.

 

Véronique se rend compte qu’elle ne s’écoute pas et qu’elle fait passer les autres avant elle. Et qu’ensuite elle en veut aux autres de ne pas l’écouter. Ceci génère des tensions et parfois de la colère envers les autres alors qu’elle souhaite vivre l’harmonie. Elle se rend compte que si elle s’autorise à penser à elle, elle autorisera les autres à penser à eux. Ce qui aura pour effet de désamorcer les colères face aux personnes qui s‘autorisent à penser à eux avant moi. Véronique prend conscience que le fait de penser à elle lui permettra d’être plus en harmonie avec les autres. Elle voit que ce comportement peut la servir elle et en même temps les autres.

 

 

En identifiant clairement mes besoins

Comme nous l’avons vu, un « méchant » est une personne qui s’autorise une chose que je ne m’autorise pas. Ce qui génère une réaction émotionnelle assez virulente, car il s’agit d’un schéma inconscient de survie.

Or, un comportement n’est ni bon, ni mauvais, mais qu’il s’agit plus de regarder mon intention qui sous-tend l’usage du comportement en question. En me réappropriant un comportement interdit, j’ai accès aux 2 faces de la pièce : le comportement autorisé ET le comportement interdit.

 

Véronique prend conscience qu’en s’autorisant à penser à elle, elle a maintenant accès aux deux faces de la pièce : penser à moi ET penser à l’autre. Elle peut choisir librement le comportement qui lui semble le plus juste par rapport à la situation.

 

Pour vivre de manière harmonieuse, je dois avoir l’harmonie à l’intérieur. C’est-à-dire que je dois avoir de la clarté sur mes intentions. Et pour ça, je dois avoir de la clarté sur mes besoins. En effet, mon intention est toujours de satisfaire un de mes besoins. Pour l’identification de mes besoins, je peux utiliser la liste des besoins de la communication non violente.

 

Quand j’ai de la clarté sur mes besoins, j’ai de la clarté sur mes intentions. Ce qui me permet d’avoir de la clarté sur l’usage de mes comportements. Cette clarté m’apporte une stabilité intérieure et l’harmonie.

 

Véronique prend conscience qu’elle a un besoin d’harmonie. Et que la stratégie qu’elle mettait en œuvre envers son responsable desservait son besoin. Avec cette clarté, Véronique se rend compte qu’elle réagit face à son responsable, car son besoin de respect n’est pas nourri. Elle comprend qu’elle doit mettre en œuvre une stratégie pour nourrir son besoin de respect pour éviter de « faire la guerre » avec son responsable. En répondant à son besoin de respect, ceci aura pour effet de répondre à son besoin d’harmonie.

 

 

Le méchant est le reflet d’un comportement interdit chez moi, dont je ne prends pas la responsabilité.

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

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