Qu’est-ce que l’hypersensibilité
Camille est très sensible aux émotions des autres personnes. Si dans son entourage, il y a des personnes en colère, triste… elle est très affectée. Elle vit sa sensibilité comme un poids, car elle est envahie par les émotions. Ce qui a comme conséquence de perturber sa clarté et sa capacité de décider. Elle souhaiterait vivre sa sensibilité avec plus de sérénité.
Ici, l’hypersensibilité est définie comme le fait d’être envahi par les émotions, ce qui perturbe les capacités d’analyse.
D’où vient l’hypersensibilité
L’origine vient d’un contexte
Lorsque Camille était enfant, sa mère avait des difficultés à accueillir ses émotions d’enfant. Sa maman qui avait comme intention de lui éviter de souffrir faisait tout ce qui était en ses moyens pour éviter qu’elles vivent les émotions qu’elle jugeait désagréables. Sa maman avait du mal à vivre ses propres émotions, en résonnance avec les émotions de Camille. Elle n’avait pas les moyens d’accompagner Camille à traverser ses émotions. L’inconscient de Camille a enregistré que les émotions doivent être évitées, car perçues comme dangereuses. Si Camille avait des émotions, sa maman ne pouvait pas les accueillir et donc pour l’inconscient, c’est Camille qui ne pouvait pas être accueilli. Le manque d’accueil, de nourriture affective est vu comme un danger de mort par l’inconscient. (Voir l’expérience de Frédéric II).
Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Camille, si elle vivait ses émotions, sa maman était en insécurité par rapport à cette situation. Ce qui engendrait un contexte insécurisant pour Camille. L’inconscient a donc interdit ses émotions pour s’assurer un contexte sécurisant. L’inconscient à créer ce que j’appelle un « enfant protecteur » (Lire l’article « En quoi le juge intérieur est un enfant protecteur« ).
La création d’un enfant protecteur inconscient
Cet enfant protecteur inconscient a pour fonction de stopper toute émotion qui fait surface. Pour assurer son rôle, il va scanner la réalité à la recherche des émotions à éviter. Il va donc chercher en Camille et à l’extérieur, chez les personnes qu’elle rencontre, toutes les émotions.
Une fois que l’inconscient a identifié les émotions, il les remonte au conscient pour qu’il les évite. Cette stratégie d’évitement des émotions à l’effet inverse. Camille perçoit toutes les émotions environnantes et en même temps, l’inconscient cherche à les éviter.
C’est comme 2 plaques tectoniques qui se rencontrent et créent un volcan :
- Plaque tectonique 1 : perceptions de toutes les émotions à l’extérieur
- Plaque tectonique 2 : évitement des émotions
L’hypersensibilité vient d’une stratégie inconsciente, qui vise à éviter les émotions et en même temps à toutes les percevoir.
À la lumière de ses explications, Camille comprend que son hypersensibilité vient d’une stratégie d’évitement des émotions de son inconscient. Elle réalise que ce n’est pas les émotions en tant que telles qui génèrent la tension, mais le refus de les vivre par l’inconscient. Elle souhaiterait savoir comment s’en libérer.
L’hypersensibilité est le reflet du non-accès à sa sensibilité.
Comment se libérer de l’hypersensibilité
Comprendre que l’hypersensibilité est un talent
L’hypersensibilité vient d’une stratégie inconsciente, qui fait que je passe une grosse partie de mon temps à l’extérieur de moi-même à ressentir les émotions chez les autres.
La conséquence est que je suis hyper entraîné à ressentir les émotions chez les autres. Ce qui fait que j’ai développé un vrai talent à comprendre l’autre dans sa profondeur. Il s’agit d’utiliser son talent à bon escient. Car il peut nous servir et servir les autres.
Camille prend conscience que ce qu’elle pensait être un défaut se révèle être un talent. Cependant, elle se demande comment utiliser ce talent, sans être emporté dans les émotions.
S’entraîner à accueillir les émotions
Pour utiliser ce talent sans perturbation, je dois m’entraîner à accueillir les émotions. Pour commencer, je peux prendre des émotions que je trouve agréables :
- Je pense à une situation où j’ai vécu une émotion agréable.
- Je ressens cette émotion dans le corps
- Je reste avec la sensation dans le corps et j’affine mon ressenti
L’objet est de s’habituer à ressentir dans le corps l’émotion, sans être pris par la machine à blabla. Commencer par les émotions jugées agréables, rend l’exercice est plus facile. L’inconscient, enregistre que je peux vivre mes émotions sans danger.
Après être à l’aise avec les émotions agréables, je peux passer aux émotions désagréables. L’exercice est le même. Cependant, vu que c’est perçu comme dangereux par l’inconscient, il y a plus d’aller-retour entre le ressenti et la machine à blabla. L’objet est de revenir dans le corps, dans les sensations. Pour diminuer l’impact des réactions de protection de l’inconscient, j’ai détaillé une technique pour saturer la partie du cerveau qui en ai à l’origine dans l’article « Comment lâcher prise« .
Camille décide de s’entraîner 5 minutes le matin et 5 minutes le soir à ressentir ses émotions agréables. Pour se reconnecter à ses sensations corporelles.
Accueillir l’enfant protecteur
Identifier l’intention de l’enfant protecteur
Comme nous l’avons vu, l’hypersensibilité vient d’un schéma inconscient que j’appelle un enfant protecteur. Cet enfant à une intention positive, assurer le bien-être de Camille.
Pour identifier son intention et la ressentir, j’imagine la situation où je ne vis plus aucune émotion désagréable. Je ressens bien cette sensation et je remercie l’enfant protecteur pour son intention.
Camille ressent un état de bien-être. Qui se traduit par une sensation de légèreté et de chaleur. Elle ressent l’intention de l’enfant protecteur, et elle le visualise. Elle le remercie pour son intention et pour l’énergie qu’il met pour servir cette intention.
Identifier l’écart entre l’intention et la stratégie de l’enfant protecteur
Avant 7 ans, le cerveau de l’enfant est immature, si bien qu’il n’a pas les moyens de mettre en œuvre des stratégies complexes. Si bien que l’enfant protecteur, qui est une partie de l’inconscient, n’a pas conscience que sa stratégie ne sert pas son intention.
L’objet ici est d’expliquer à l’enfant protecteur ce que je vis quand il met en place sa stratégie pour une intention de bien-être.
Camille explique à l’enfant protecteur le mal-être qu’elle vit quand il cherche à éviter les émotions. Elle lui demande si c’est vraiment ce qu’il veut. L’enfant protecteur lui dit que non, qu’il souhaite qu’elle vive le bien-être.
Elle lui demande s’il est d’accord pour faire autrement. En guise de réponse elle voit son enfant protecteur se transformer, ceci accompagner d’une sensation d’apaisement.
L’accès à ma sensibilité permet l’expression de ce qui vit en moi, sans justification. Et me permet d’être en lien avec l’autre, au niveau de ce qui vit en lui.
Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être