Colère

Qu’est-ce que la colère ?

L’énergie de la colère en destruction

Robert est colérique et cela le gène. Il a l’impression d’être esclave de la colère. Quand une situation ne va pas comme il veut, il a tendance à s’énerver et à utiliser la force.

Même s’il se retient pour ne pas déverser son énervement sur les autres, à l’intérieur il bout. Il lui arrive de jeter des affaires ou de taper sur ce qui ne fonctionne pas comme il le souhaite. Robert souhaiterait ne plus subir la colère.

 

Dans ce cas, la colère est définie comme une énergie de destruction dirigée vers l’extérieur.

 

L’énergie de la colère, une force de vie

L’énergie de la colère est une force qui à l’origine est neutre. Il s’agit d’une pulsion de vie puissante qui permet l’affirmation de la vie en soi et la protection de la vie.

Cette énergie va permettre de se défendre en cas d’agression. Et ainsi protéger la vie.

Elle permet aussi d’exprimer ce qui vit en soi et d’affirmer son point de vue, sans l’imposer. Elle permet de dire OUI et NON clairement. L’énergie de la colère permet de définir clairement ses limites identitaires. Cette énergie n’est pas utilisée en destruction de l’extérieur, mais en affirmation de ce qui vit à l’intérieur.

 

Pour bien comprendre ceci, je fais un petit exercice avec Robert :

Robert et moi sommes côte à côte. Avec ma main droite, je pousse son épaule gauche, en lui demandant de résister en mettant un pression inverse dans ma direction. Ainsi, son corps reste droit. Sans le prévenir, je tire son épaule dans ma direction. Il perd son équilibre et il bascule vers moi.

 

Ensuite, je lui demande de se fixer au sol, comme si il faisait le « haka » des rugbymans de Nouvelle-Zélande. De la même manière, je pousse son épaule gauche. Son réflexe est d’entrer en opposition. Je lui demande de diriger cette énergie, qui était en opposition, vers le sol. De rester dans la posture de » haka ». Ce qu’il fait. Il réalise que sans être en opposition, il reste stable, même si je le tire vers moi. Comme enraciner dans le sol.

 

Après cet exercice, j’explique à Robert que dans le premier cas, il a dirigé son énergie de colère vers l’extérieur. C’est ce qui lui a fait perdre l’équilibre lorsque j’ai tiré son épaule vers moi. Diriger l’énergie de la colère vers l’extérieur nous fait perdre l’équilibre, car nous donnons notre énergie à l’autre. Il y a une fuite d’énergie.

Dans le deuxième cas, il a dirigé cette énergie vers le sol, en affirmation. Qu’il soit poussé ou tiré, il a gardé son équilibre et sa stabilité. L’énergie de la colère est utilisée pour nous maintenir collés au sol. Cette énergie est disponible pour affirmer ce qui vit en soi, sans vouloir l’imposer à l’autre. Nous gardons notre énergie.

 

Robert prend conscience que lorsqu’il est en colère, il perd son énergie en la dirigeant vers l’extérieur. Il comprend pourquoi c’est aussi désagréable. Il réalise qu’il peut utiliser cette énergie d’une autre manière.

 

 

Pourquoi l’énergie de la colère est-elle utilisée en destruction ?

L’énergie de la colère est l’énergie qu’à naturellement l’enfant. Or, quand il est très jeune, la notion de « moi et l’autre » n’est pas toujours claire. Si bien que l’usage de l’énergie de la colère n’est pas toujours adapté.

Par exemple, un enfant de 2 ans peut frapper son camarade pour avoir un jouet. Il ne s’agit pas de faire mal à l’autre, mais de réguler son émotion de frustration qui est insupportable pour lui. L’enfant n’a pas de néocortex à cet âge, et il n’a aucun moyen de prise de recul par rapport à l’émotion. Il est dans « la machine à laver » et cherche à en sortir. L’énergie de la colère en destruction était la seule stratégie disponible par son inconscient. Les adultes, n’ayant pas obligatoirement conscience de l’immaturité de leur cerveau, jugeront son comportement de « mauvais ».

À cet âge, l’enfant n’a que le cerveau limbique à disposition. C’est-à-dire que son inconscient ne peut mettre en place que des stratégies simples. Compte tenu de la réaction des adultes, l’inconscient comprend qu’il doit réprimer l’énergie de la colère. L’immaturité de son cerveau et l’ignorance des adultes, ne lui permet pas de comprendre que c’est l’usage de l’énergie de la colère qui n’était pas adapté.

L’inconscient de l’enfant va donc créer ce que j’appelle un enfant protecteur (Voir article En quoi le juge intérieur est un enfant protecteur). Ce dernier aura comme rôle de réprimer l’énergie de la colère, dans le but d’être aimé. Et d’avoir la nourriture nécessaire à sa survie (Voir l’expérience de Frédéric II)

 

À la Lumière de ses informations, Robert prend conscience que ses parents ont réprimé plusieurs de ses colères. Qu’il lui intimait l’ordre de se taire, ou d’arrêter certains de ses comportements ! Ceci sans justification. Il comprend d’où vient la répression de cette énergie de la colère.

 

Le résultat de cette répression est que l’être qui est à l’intérieur veut s’exprimer, est en conflit avec l’enfant protecteur. Il y a un conflit entre :

  • L’être qui veut affirmer ce qui vit en lui, avec l’énergie de la colère
  • L’enfant protecteur qui réprime l’énergie de la colère

 

Ceci aura pour effet de mettre une pression. C’est un peu comme si l’affirmation était dans une cocotte minute, avec un couvercle. Au bout d’un moment, la pression est telle que l’énergie d’affirmation commence à sortir par les joints (Ce passage est la critique et les jugements qui ont souvent lieu derrière la personne concernée ou après la situation). Ceci, jusqu’à avoir suffisamment de pression pour faire exploser le couvercle. Et c’est à ce moment que l’affirmation réprimée se transforme en colère destructrice.

 

Robert comprend que ses colères viennent d’un conflit intérieur entre l’affirmation de soi et la répression de l’énergie de la colère. Il voit que les colères qu’il a exprimées dans le passé ne concernaient pas vraiment les personnes incriminées.

Elles étaient le reflet de son manque d’affirmation à un moment donné. Et à une réaction, suite à cette répression de son affirmation. Il voit que tout se déroule à l’intérieur et qu’il a la main sur le mécanisme intérieur, maintenant qu’il est vu. Bien que ça ne règle pas tout d’un seul coup, Robert sent un soulagement, car il retrouve son pouvoir avec cette clarté.

 

 

Comment gagner en paix en utilisant l’énergie de la colère ?

En utilisant l’énergie de la colère pour traverser l’émotion

Comme nous l’avons vu, la colère à l’extérieur vient du fait, qu’une émotion est réprimée, car elle a été interdite dans le passé. Cette répression crée une pression qui à un moment explose en colèreL’enfant protecteur inconscient réprime, car il agit toujours avec les yeux de l’enfant de l’époque. Et, pour lui, si l’émotion et le comportement associé s’expriment, il n’aura pas l’amour des figures d’autorité. Ce qui est synonyme de mort pour lui.

Pour éviter de vivre cette émotion, l’enfant protecteur, va vouloir changer l’extérieur. Et pour ça, il me fait monter dans le mental, avec ses argumentations, ses justifications … pour me convaincre changer l’extérieur. Ceci à pour effet de me couper des sensations, du corps … pour ne pas ressentir l’émotion interdite.

Un des moyens de faire évoluer l’enfant protecteur inconscient, est de lui montrer que si je vis l’émotion, je ne vais pas mourir. Pour ça, j’utilise la force de l’énergie de la colère pour être « collé au sol » en mode « haka ». L’énergie de la colère me permet d’être dans le corps, avec la sensation jugée désagréable.

De la goûter, de la respirer … En restant uniquement dans les sensations. Au fur et à mesure que je goûte cette émotion interdite, l’inconscient réalise que je ne meurs pas. L’inconscient réalise que, ce qu’il pensait être mortel, n’est finalement qu’une sensation comme une autre. Il n’a plus d’intérêt de me protéger de quelque chose qui n’est pas dangereux. Et l’enfant protecteur se dissipe. Et par conséquent, le conflit entre l’affirmation et la répression disparaît. À la place de l’explosion de colère apparaît la paix.

 

Robert se met en mode « haka » pour être « collé au sol ». Ensuite, il pense à une situation qui le met en colère. Il sent cette sensation de colère l’envahir et il voit qu’un réflexe de justification, d’argumentation arrive. Robert se connecte à l’énergie de la colère, pour revenir dans le corps et rester uniquement avec la sensation.

Il y a plusieurs allers-retours entre la machine à blabla et le corps. Jusqu’à ce qu’il soit à l’aise avec la sensation de l’émotion. Il pense à nouveau à la situation qui le mettait en colère et il se sent apaisé.

 

En s’entraînant en dehors des matchs

Robert a eu plusieurs allers-retours entre le corps et la machine à blabla. Plus nous entraînons, plus il est simple d’être « collé au sol » et endurant dans le fait d’être dans le corps sans machine à blabla. C’est comme la course à pied, plus je m’entraîne, plus je suis endurant. Pour progresser, il suffit d’utiliser l’énergie de la colère pour être dans le corps : 1 à 2 minutes, 5 à 10 fois par jour.

 

 

Sans l’énergie de la colère, je n’ai pas d’identité, car la limite de ma psyché n’est pas clairement définie. Sans l’énergie de la colère, je ne suis pas moi, je suis les autres.

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

 

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