Enfant intérieur

Qu’est-ce qu’un enfant intérieur blessé

Lorsque Gustave était enfant, il devait se conformer aux comportements jugés « bons » par ses parents. Dans le cas contraire, ses parents le réprimandaient. Pour l’enfant, la situation de non-amour est perçue comme un risque de mort (Voir l’expérience de Frédéric II). Pour assurer la survie de Gustave, son inconscient a mis en place un enfant protecteur qui rejoue l’interdiction des parents. L’enfant protecteur réprime des parties de l’être de l’enfant spontané. Ce qui génère une souffrance pour l’enfant spontané qui souhaite s’exprimer librement.

 

Comme nous pouvons le voir avec l’histoire de Gustave, un enfant intérieur blessé est l’enfant spontané qui est réprimé par l’enfant protecteur pour des raisons de survie.

Pour le dire autrement, un enfant intérieur blessé est la peur d’un adulte qui réprime un enfant.

 

 

Pourquoi l’énergie de la colère est interdite

L’énergie de la colère est perçue comme « mauvaise »

Comme tout enfant, Gustave avait beaucoup d’énergie et s’exprimait librement sans les conditionnements « ça se fait » et « ça ne se fait pas ». Cette énergie de vie de l’enfant est l’énergie de la colère. Lorsqu’elle est exprimée librement, elle ne fait que circuler. Apprendre à l’enfant à utiliser cette énergie dans le respect de l’autre permet la construction de son identité et son affirmation. Or, culturellement, cette énergie est réprimée. Car les parents ne peuvent pas vivre l’intensité des émotions des enfants ou de leurs comportements. Comme de nombreux enfants, Gustave a dû réprimer cette énergie de la colère pour se conformer au « bon modèle ». Ceci pour avoir la nourriture affective nécessaire à son développement.

 

L’énergie de la colère est l’énergie de vie. Cette dernière est réprimée, si les comportements ou les émotions sont jugés « inacceptables » par les adultes. Les adultes n’étant pas des bouddhas, ils n’ont pas les moyens de vivre toutes les émotions. Et ils ne savent pas comment utiliser cette énergie autrement qu’en destruction, si bien que cette énergie est perçue comme « mauvaise ».

 

 

L’énergie de la colère en destruction

Si l’énergie de la colère est réprimée, il y a un effet « cocotte-minute ». La pression monte et ce qui est appelé colère est l’explosion de cette énergie qui a été réprimée.

  • Le couvercle de la « cocotte-minute » est l’interdiction de l’adulte, rejoué par l’enfant protecteur.
  • L’explosion est l’enfant spontané qui s’exprime avec force pour surpasser le couvercle.

 

Cette explosion a vocation à détruire « le couvercle » pour être libre de s’exprimer.

Avant 7 ans le cerveau est immature. Il n’a pas les moyens de mettre en œuvre des stratégies complexes. Donc, les stratégies avant cet âge sont simples et du type :

  • Je détruis l’élément déclencheur pour m’apaiser.

 

C’est cet usage de l’énergie de la colère qui est réprimé. Il y a une confusion entre l’énergie de la colère et son usage. Si bien, que les adultes répriment l’énergie de la colère plutôt que d’enseigner l’usage de cette énergie dans le respect de l’autre.

Ce qui n’est pas perçu, c’est que l’adulte utilise l’énergie de la colère pour interdire l’usage destructeur de l’énergie de la colère chez l’enfant. Autrement dit, l’adulte cherche à détruire la destruction. Il transmet l’usage en destruction de l’énergie de la colère, alors qu’il souhaite l’inverse.

 

 

Comment l’énergie de la colère peut guérir l’enfant intérieur blessé

Accueillir l’enfant intérieur blessé grâce à l’énergie de la colère

Comme nous l’avons vu, l’enfant intérieur blessé est le résultat d’un adulte qui a peur et qui réprime un enfant.

Pour pacifier la relation enfant/adulte intérieure, il est possible de faire intervenir un médiateur intérieur. Le médiateur intérieur est un adulte qui pose un cadre protecteur dans lequel l’enfant peut agir. Ce dernier utilise l’énergie de la colère en affirmation.

 

En la présence du médiateur intérieur, l’enfant protecteur qui rejoue l’interdit de l’adulte n’est plus autorisé à réprimer l’enfant spontané. L’usage de la colère en affirmation permet au médiateur intérieur de faire preuve d’autorité et de justesse. Il ne détruit pas l’enfant protecteur, il pose une limite qu’il ne peut franchir. Et laisse ainsi l’enfant spontané libre de s’exprimer. Si l’enfant spontané est en colère, le médiateur l’accueille et lui permet de décharger son émotion. Il  l’écoute et comprend son besoin. Ensuite, le médiateur intérieur aide l’enfant spontané à exprimer son besoin dans le respect de l’autre.

 

Le médiateur intérieur :

  • Pose la limite identitaire, à l’intérieur de laquelle seul l’enfant spontané peut s’exprimer.
  • Reconnait l’enfant spontané et lui offre la liberté totale d’expression.
  • Accueille l’enfant spontané, quelle que soit son émotion.
  • Assure la communication entre les personnes extérieures et l’enfant spontané.
  • Traduis la colère destructrice en l’affirmation d’un besoin.

 

Sans énergie de la colère, il n’y a pas d’accueil possible

Le médiateur intérieur est comme un père intérieur qui est un puissant protecteur, sur lequel l’enfant intérieur peut se reposer. Il est une base de sécurité. De plus, il est aimant et l’accueille l’enfant intérieur tel qu’il est.

Le médiateur intérieur utilise l’énergie de la colère pour poser une limite. Les adultes qui cherchent à réprimer l’enfant intérieur ne peuvent pas entrer dans la limite identitaire. Il ne cherche pas à aller « chez l’autre ». Il utilise l’énergie de la colère pour affirmer ses besoins dans le respect de l’autre.

Le médiateur intérieur a accès à la fermeté et à l’accueil. C’est parce qu’il a accès à la fermeté, qu’il peut offrir un espace d’accueil à l’enfant spontané.

Ce qui est « dur » en soi est ce qui permet l’accueil. Au premier abord, ça peut paraitre paradoxal. Or, la fermeté de la limite de l’espace d’accueil assure à l’enfant spontané une liberté d’expression sans perturbation d’enfant protecteur qui rejoue l’interdiction de l’adulte.

 

L’accueil est Yin ET Yang !

 

Une croyance que je rencontre souvent est que l’accueil est seulement le côté Yin, le côté féminin. Or, il n’y a pas vraiment de séparation entre le Yin et le Yang, le féminin et le masculin. Ils sont intriqués, l’un dépendant de la présence de l’autre.

Sans un cadre ayant des limites fermes, la présence de l’accueil est difficile. Pour donner une image, si verse de l’eau et qu’il n’y a pas de récipient et que ce récipient est percé, il va y en avoir partout. Mais l’eau ne sera pas contenue là où elle doit l’être.

C’est la même chose pour l’accueil en présence d’un enfant blessé. Sans un cadre ferme, l’accueil pourrait se dissiper et laisser place aux enfants protecteurs qui rejouent l’interdiction des enfants.

 

Lorsque l’enfant spontané sent un cadre protecteur, il peut se détendre dans cet espace. Il n’a plus besoin de lutter constamment contre les enfants protecteurs qui rejouent l’interdiction de l’adulte. Il se sent accueilli pour ce qu’il est et il est entendu dans ses besoins. L’enfant spontané se sent accompagné dans son expérience et peut se déployer. Il accède à l’apprentis-sage.

 

 

Je cherche le re-père à l’extérieur, tant que je n’ai pas le père à l’intérieur.

 

Sébastien Thomelin – Accompagnant de l’être

Share This